« Nous cherchons à développer une logique de réseau pour orienter nos clients en fonction de leurs besoins », souligne Dominique Drapier, directeur de la communication des ports de Lille. À la faveur des mouvements de fusion des chambres consulaires, la Chambre du commerce et de l’industrie Grand Lille qui gère les ports de Lille, a encore étendu son maillage. Elle a hérité du port d’Arques qui bénéficie d’un important potentiel de développement.
Aujourd’hui, l’ensemble des 12 sites répartis autour de l’agglomération lilloise, mais aussi dans la région Nord-Pas-de-Calais, donne la mesure de son savoir-faire: manutention de conteneurs à Lille et Halluin, stockage dans 224 000 m2 d’entrepôts à Lille et Santes, transbordement de vracs et manutention de colis lourds, un secteur dans lequel Ports de Lille cherche à se développer. Autre pilier de ce réseau, Ports de Lille est actionnaire du Terminal multimodal du Valenciennois (TVM) à Saint-Saulve et de Lille Dourges Contenair Terminal (LDCT) via la société NCS (Northern container service) un groupement d’intérêt économique avec le port de Dunkerque.
Cette volonté d’offrir un service fluvial performant à ses clients s’est manifestée dès l’ouverture du premier terminal à conteneurs à Lille en 1991. Dans la foulée, démarrait le transport fluvial de conteneurs pour le compte d’Auchan. « À l’époque, les conteneurs en provenance d’Amérique du Sud et d’Asie qui transitaient par Rotterdam, Zeebrugge et Anvers étaient acheminés par camion dans les entrepôts de l’enseigne à Lesquin et Villeneuve d’Ascq », rappelle le responsable de la communication. Désormais, plusieurs centaines de conteneurs empruntent chaque année la voie d’eau pour être manutentionnés par LCT (Lille terminal conteneur), avant de rejoindre les lieux de stockage. Une opération saluée en 2005 par un prix de l’innovation logistique dans la catégorie « développement durable » au Salon international des solutions logistiques à Paris.
Aujourd’hui, les ports de Lille s’étendent à Arques à la faveur d’une fusion avec la CCI de Saint-Omer. Dans la logique de réseau portuaire, Arques est davantage identifié comme une zone export, l’inverse de Lille et de ses enseignes de VPC qui importent massivement de Chine. Le port qui traitait 35 000 t de marchandises par an devrait se muer en plate-forme multimodale avec l’aménagement d’un terminal à conteneurs fin 2009. Une zone de 7 000 m2 est d’ores et déjà réservée au stockage des conteneurs, une autre de 5 000 m2 au stockage des vracs. À terme, ce terminal gérera un trafic de 400 000 t. En outre, le port fera partie intégrante d’une zone d’activité à vocation logistique: D’une surface de 160 ha, la porte multimodale de l’Aa, est en cours de réalisation par la Communauté d’agglomération de Saint-Omer. Mais il n’est pas certains que les entreprises exploitent de cette connexion fluviale.
Par ailleurs, « la plate-forme d’Arques sera techniquement en mesure d’accueillir des conteneurs, mais ce sont surtout les transports de vracs qui en profiteront », souligne-t-on au service commercial des ports de Lille. En effet, le groupe français des arts de la table Arc International qui exportait des volumes importants vers Anvers et Rotterdam a annoncé début 2008 la réduction de son activité, avec la suppression de 560 emplois d’ici à 2010. De même, la privatisation des lignes fluviales gérées par les ports de Lille et confiées à la CFNR semble davantage favoriser les ports de l’agglomération lilloise. Cependant, le service « manutention de conteneurs » pourrait intéresser les papetiers et cartonneries locales.
En revanche, dans le trafic de vracs, le potentiel de croissance semble important. Une étude confiée au cabinet Eurotrans a confirmé l’intérêt des cimentiers, des carrières du littoral et des briqueteries pour le port d’Arques. Par ailleurs, en raison d’un déficit important côté belge, le trafic de céréales semble avoir de beaux jours devant lui. Dans la zone portuaire de Gand, l’unité belge de production de bio éthanol « Alco Bio Fuel », alimentée par les groupes Aveve et Wal.Agri a d’importants besoins. Enfin, l’absence de production d’engrais dans le nord de la France accroît considérablement la demande.
Dans l’agglomération lilloise, à Santes, les capacités portuaires arrivant à saturation, les ports de Lille réfléchissent au développement du port de Haubourdin pour y accueillir du vrac, des colis lourds et éventuellement des conteneurs. En outre, les neuf hectares de friche de l’ancienne usine Lever vont être réaménagés pour accueillir des implantations industrielles. « Jusqu’à présent, ce site implanté bord à voie d’eau ne profitait pas de sa connexion fluviale. Nous allons donc chercher à ramener du fret sur la Deûle, notamment dans le secteur des colis lourds. Nous avons un savoir-faire à défendre et nos ponts roulants demeurent sous-exploités », remarque Dominique Drapier.