C’est l’association rêvée: un terminal de transport combiné, couplé à des entrepôts logistiques dernière génération. Grâce à ces équipements, la plate-forme trimodale de Dourges Nord est rapidement devenue un lieu privilégié d’implantation pour les centres de distribution européens. Nichée au cœur de l’hinterland de cinq grands ports maritimes (Le Havre, Dunkerque, Zeebrugge, Anvers et Rotterdam), proche du tunnel sous la Manche, Delta 3 met à portée de poids lourd un marché de 100 millions de consommateurs. En 2007, la bagatelle de 108 000 transbordements de caisses mobiles et de conteneurs a été réalisée sur la plate-forme du Pas-de-Calais. Une progression de 9 % en deux ans. « Nous fonctionnons selon un schéma logistique classique, souligne-t-on chez Delta 3, la société anonyme d’économique mixte (SAEM) chargée de la gestion du port. Les entrepôts implantés dans nos trois zones logistiques (330 000 m2 de stockage, Ndlr) réceptionnent des marchandises en provenance d’Asie qui transitent par les ports maritimes. Ces plates-formes redistribuent ensuite leurs produits au niveau régional vers trois à quatre pays. »
51 000 nouveaux mètres carrés d’entrepôts
Après la livraison en 2005 des entrepôts de Fnac Eveil&Jeux et Gefco (22 000 et 36 000 m2), Kuehne + Nagel, Kiabi et Leroy Merlin (22 000, 35 000 et 65 000 m2) en 2006, ainsi que ceux de Rexel (22 000 m2) en 2007, Delta 3 construit actuellement 51 000 nouveaux mètres carrés d’entrepôts. Ils sont destinés au leader européen de la production et de la distribution d’articles de sports: Décathlon. À Dourges, les entrepôts logistiques sont commercialisés selon deux schémas: Dans le premier cas de figure, la SAEM Delta 3 vend le bâtiment et le foncier directement à l’utilisateur final qui l’utilise en propre, à l’image de Leroy Merlin et Décathlon. Dans le second cas de figure, les distributeurs louent les entrepôts à un investisseur: AEW Europe. En effet, la SAEM Delta 3 a signé un contrat de promotion immobilière avec cette société de gestion de fonds immobiliers basée à Paris. Ainsi, la société d’économie mixte se charge de la construction et de la commercialisation des entrepôts pour le compte d’AEW Europe.
Avec un taux d’occupation de ses entrepôts de 85 à 90 %, la plateforme de Dourges peut raisonnablement envisager de poursuivre sa croissance. Un projet d’extension sur 120 ha attenants à la zone actuelle, comprenant 220 000 m2 d’entrepôts aménageables vient d’être lancé par le Syndicat mixte pour l’aménagement de la plateforme multimodale de Dourges. Les premiers mètres carrés pourraient être livrés fin 2011. Regroupant les principales collectivités territoriales, le Syndicat mixte est l’actionnaire majoritaire de la SAEM Delta 3. Cette dernière loue les infrastructures du terminal à conteneur à LDCT (Lille Dourges conteneur terminal), une société qui associe des opérateurs de transports combinés nationaux et internationaux (Novatrans, Naviland Cargo et Transfesa) et régionaux (CCES et NCS: le groupement des ports de Lille et Dunkerque).
Une voie d’eau sous-exploitée
À Dourges, cependant, malgré une implantation le long du canal de la Haute-Deûle, la voie d’eau demeure encore sous-exploitée. « Sur l’ensemble des mouvements réalisés chaque année 10 % concerne le fluvial-route, 90 % le ferroviaire-route », reconnaît-on chez Delta 3. Cette prépondérance du tandem rail-route a une origine historique… Initialement, la plate-forme de Dourges a été construite pour remplacer le terminal de transport bimodal rail-route de Lille-Saint Sauveur, trop enclavé (Il était situé à 200 m de l’hôtel de ville, Ndlr). Ses responsables ont saisi l’opportunité du « déménagement » pour passer du bimodal au trimodal et favoriser l’implantation d’entreprises. D’où le nom de baptême de la plate-forme de Dourges: « Delta » évoque la confluence et donc la vocation du site à être un lieu de massification et le chiffre « 3 » fait référence au trimodal. Reste à développer encore davantage la voie d’eau.