« Après s’être puissamment développé sur le plan industriel, le Valenciennois entre maintenant dans une phase complémentaire: l’optimisation de son organisation logistique », pointe Danny Deckers, directeur logistique à la Chambre du commerce et de l’industrie du Valenciennois.
Pôle d’excellence ferroviaire français avec la présence des leaders mondiaux Alstom et Bombardier, fer de lance de la construction automobile avec PSA Peugeot-Citroën, Sevelnord et Toyota, la région joue à fond la carte du fluvial. D’ici à la fin de l’année, l’Escaut sera en mesure d’accueillir des bateaux de 3 000 t grâce à des travaux de dragages. Par ailleurs, la liaison Seine-Nord-Europe, très attendue dans la région, s’accompagnera d’implantations logistiques, notamment à Marquion, dans le Cambrésis au sud-ouest de Valenciennes. Pourtant, « un grand nombre de professionnels font encore du 100 % poids lourd entre le Valenciennois et les ports d’Anvers et de Rotterdam. Les marchandises sont expédiées en conventionnel et arrivent en conventionnel après avoir été dépotées sur un autre site », regrette le responsable logistique. Par exemple, Vallourec (leader du tube en acier sans soudure implanté à Saint-Saulve, Ndlr) empote et dépote ses conteneurs dans les ports de la mer du Nord. Une situation qui pourrait évoluer, car le potentiel de traitement des conteneurs ne cesse de progresser localement.
Mis en service en 2005, le terminal de Saint-Saulve au sud de Valenciennes dispose encore d’importantes réserves de capacité. « Le terminal a traité environ 8 000 EVP l’année dernière, or sa capacité est estimée entre 50 000 et 60 000 EVP », pointe le directeur logistique de la chambre consulaire. Lancé à l’initiative de la CCI du Valenciennois pour offrir un débouché à la forte croissance des activités logistiques, le terminal est concédé à TMV (Terminal multimodal du Valenciennois). Cette société associe NCS (un service joint des ports de Dunkerque et de Lille, Ndlr) à deux opérateurs locaux: Hainaut logistique et Sorival. « Les ports de la mer du Nord sont en quête de terminaux intérieurs au sein de leur hinterland. C’est ainsi que Duisbourg est devenu un véritable port maritime intérieur. C’est dans cette direction que nous souhaitons nous développer », poursuit Danny Deckers.
Portée par le développement du site de Toyota à Onnaing, la plate-forme combinée fluvial-route de Prouvy, au nord de Valenciennes, semble arrivée à saturation. Mise en service en 1996, gérée par CCES (Conteurs combinés Escaut services), une filiale d’Escofi et de l’armement rhénan CCS, elle a traité 40 000 EVP l’année dernière. Son trafic a grimpé de 4 400 EVP en 1997 à 28 000 EVP en 2005 pour arriver à son maximum l’année suivante. CCES qui gère également le terminal de Béthune, s’est doté de nouvelles installations et moyens de levage qui ont attiré Conforama en 2005. Le spécialiste français de l’ameublement loue 32 000 m2 d’entrepôts au fournisseur d’espaces logistiques Gazeley à Onnaing. La gestion de l’entrepôt est confiée à FM Logistique. Fin 2007, Michelin a également mis en service la première tranche de son hub logistique européen à Prouvy-Rouvignies. Acheminés d’Écosse et d’Irlande en caisses mobiles de 45’, les pneus sont réexpédiés en conteneurs pour la grande exportation. Aux 40 000 m2 d’entrepôts déjà implantés devraient s’ajouter 20 000 m2 supplémentaires fin 2008.
Pour répondre aux besoins croissants des chargeurs et des logisticiens, un nouveau terminal verra le jour sur le site de l’Escautpont à proximité de Saint-Saulve, au nord de l’aciérie Vallourec, à l’horizon 2010-2011. Une zone logistique attenante d’environ 40 ha devrait y être aménagée. Gilbert Bredel, directeur général de CCES, estime que « ce nouveau terminal viendra compléter opportunément l’offre en matière de transport de conteneurs, car l’usine Toyota génère d’importants besoins en logistique ». À noter que la structure gestionnaire de ce nouveau terminal n’a pas encore été déterminée. Quant au port de Denain (600 000 t de vracs en 2007) dont le quai est géré par la CCI du Valenciennois, il devrait bénéficier de l’aménagement d’une friche industrielle de 80 hectares en zone d’activité. Ces anciens terrains d’Usinor appartiennent à la Communauté d’agglomération de la porte du Hainaut.
En plein boom logistique, le Valenciennois souffre cependant de la faiblesse du fret ferroviaire. « Notre région bénéficie d’un important potentiel avec la présence d’anciennes gares de triage qui pourraient être exploitées pour faire de l’intermodalisme. En effet, les terminaux de Prouvy et Saint-Saulve sont embranchés fer, mais il n’y a aucun trafic », pointe le responsable logistique à la CCI.