Le cargo ukrainien Faina, chargé d’armes, fait l’objet de négociations et d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la piraterie en Somalie.
Détourné le 25 septembre dans le golfe d’Aden, il était encore contrôlé par des pirates somaliens à l’heure où nous mettions sous presse. Quelques jours plus tard, des négociations ont été engagées par téléphone avec son armement. Le 8 octobre, un « associé » à terre des pirates a indiqué à l’agence Reuters que le montant de la rançon, initialement de 20 M$, avait été ramené à 8 M$. Il a ajouté qu’un navire devait l’acheminer de Djibouti, en vue de la libération du Faina et de son équipage vers le 10 octobre. Avant la fin du dialogue avec les médias, les pirates ont démenti la mort de trois d’entre eux dans une fusillade et précisé qu’ils étaient 53 et que l’un des 21 otages était mort de maladie.
Le Faina s’est très rapidement trouvé sous l’étroite surveillance de bâtiments militaires américains qui empêchent tout déchargement, même partiel, de sa cargaison de 33 chars T72 de fabrication russe et d’armes lourdes. Il se trouve au large du village de Hobyo, fief de clans de rebelles islamistes qui prélèvent, d’après les résidents locaux, une dîme sur toute rançon perçue. L’un d’entre eux, Al Shabaab, que les États-Unis pensent lié à l’organisation terroriste Al Quaïda, a exigé une partie de la cargaison du Faina mais a essuyé un refus de la part des pirates.
Le détournement du Faina a incité la France à proposer une nouvelle résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée à l’unanimité le 7 octobre. Le texte contraignant « invite les États attachés à la sécurité des activités maritimes à prendre une part active à la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, en particulier en déployant des navires et des avions militaires ». Aucun calendrier n’est évoqué. Cette résolution diffère peu de celle adoptée en juin et qui n’a guère diminué la piraterie dans la région.
Réactions internationales et sécurisation de la zone
Dès le 1er octobre, les autorités somaliennes ont autorisé la Marine russe à pénétrer dans les eaux territoriales et à utiliser la force pour libérer le Faina, dont deux membres de l’équipage sont russes. Une frégate s’est immédiatement mise en route vers la Corne de l’Afrique. La sécurisation de cette région a été également discutée par les ministres de la Défense de l’Union européenne réunis les 1er et 2 octobre à Deauville. L’idée de l’envoi rapide d’un groupe aéronaval au large des côtes somaliennes, en coordination avec l’Alliance atlantique, a été approuvée par la France, l’Espagne, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, Chypre, la Belgique et la Suède.
Enfin, selon un rapport du cercle de réflexion britannique Chatam House, les pirates opérant dans le golfe d’Aden ont reçu entre 18 et 30 M$ de rançon depuis le début de l’année, soit de 500 000 $ à 2 M$ par navire. En outre, leurs activités menacent la pérennité du transport maritime par le golfe d’Aden, voie d’accès au canal de Suez. Déjà, de nombreux armements envisagent de rallier l’Europe ou l’Amérique du Nord par le Cap de Bonne espérance. « Les semaines supplémentaires de voyage et la consommation de carburant feront considérablement augmenter le prix du transport de marchandises. À un moment où le prix du pétrole est une préoccupation majeure, tout ce qui peut contribuer à gonfler les prix doit être pris en considération très sérieusement », écrit Chatam House.