Le cargo ukrainien Faina, chargé d’armes et battant pavillon de Belize, a été capturé par des pirates somaliens le 25 septembre avec 21 membres d’équipage, dont 17 Ukrainiens et des Russes ou des Lettons.
À l’heure où nous mettions sous presse, il était surveillé en permanence au large du village d’Hobyo, fief des rebelles islamistes, par trois bâtiments américains, dont le destroyer Howard, et des hélicoptères qui empêchaient le débarquement de la cargaison. Cinq pays partagent leurs renseignements pour obtenir une libération rapide du Faina et de son équipage: l’Ukraine, la Somalie, la Russie, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Kenya. Selon la Marine américaine, le Faina transporte 33 chars d’assaut russes T-72, des lance-grenades et des munitions destinés au Sud du Soudan via le Kenya. Mais ce dernier affirme, documents à l’appui, que le chargement est destiné à l’armée kenyane, ce qu’a confirmé l’Ukraine. À Washington, le Pentagone a indiqué que les États-Unis suivent la situation du Faina et étudient différentes options, en raison de la nature de sa cargaison. En effet, la saisie de ces armements lourds aurait de sérieuses conséquences, car la Somalie est en proie depuis deux ans à d’intenses combats entre les rebelles islamistes et le gouvernement intérimaire soutenu par l’armée éthiopienne. Les pirates exigent 20 M$ pour relâcher leur prise. Joint par téléphone satellitaire, leur porte-parole a déclaré à l’Agence France Presse: « Ce n’est pas une rançon, mais une amende pour transport illégal d’armes dans les eaux somaliennes »! Le gouvernement kenyan refuse de négocier. Le 30 septembre, selon le Programme d’assistance maritime d’Afrique de l’Est, trois des cinquante pirates seraient morts lors d’une querelle à bord du Faina. Des dissensions sont en effet apparues parmi eux pour décider s’il fallait céder aux pressions internationales. Dès le lendemain de la capture du Faina, la Marine russe a annoncé, sur la chaîne de télévision publique Vesti-24, l’organisation d’une patrouille maritime régulière au large des côtes de la Somalie pour y combattre la piraterie. Une frégate a déjà quitté son port d’attache de la Baltique à destination de la Corne de l’Afrique.
Libérations contre rançon
Le 26 septembre, le cargo japonais Stella-Maris, détourné le 20 juillet dans le golfe d’Aden par des pirates somaliens, a été libéré après le versement d’une rançon de 2 M$. Le lendemain, un navire égyptien, capturé le 8 septembre, a été également libéré après 20 jours de négociations avec les autorités égyptiennes. Les navires-citernes malaisiens Bunga-Melari-2 et Bunga-Melati-5, détournés au mois d’août dans les mêmes circonstances, ont été libérés les 27 et 29 septembre après le paiement d’une rançon estimée à 4 M$. Le 30 septembre, leur armement MISC Bhd a annoncé que ses navires reprendront la traversée du golfe d’Aden, qu’ils avaient interrompue après le détournement. « Le golfe d’Aden, qui aboutit au canal d Suez, est la route la plus fréquentée par les compagnies maritimes, a déclaré son président Hassan Marican, nous allons prendre les mesures nécessaires pour protéger nos navires et nos équipages ». Quelque 20 000 navires y transitent chaque année.