Concessionnaire historique du port de commerce de Brest, la CCI n’a pas caché sa déception de ne pas avoir vu sa reconduction tacite de gestionnaire. Mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle a retroussé ses manches pour plancher très sérieusement sur l’appel d’offres lancé par le Conseil régional, devenu nouvelle autorité concédante. Dans l’attente de la décision finale, personne ne se montre évidemment très disert. Logique. Mais, continuant à croire tant à leur bonne étoile qu’au travail accompli et au bon bilan qui va avec, les responsables portuaires font valoir que les grandes lignes du développement du port ont déjà été établies. En effet, pour pérenniser et développer son port de commerce, la CCI de Brest avait confié au bureau d’études BCEOM une étude stratégique qui reste pour l’heure d’actualité. « Passant d’une concurrence européenne dans les années 90 à une concurrence intercontinentale aujourd’hui, le port de Brest doit relever le défi pour maintenir la compétitivité de l’économie bretonne, affirmaient les auteurs de cette étude, Et s’adapter aux nouvelles donnes internationales, c’est prendre en compte l’accroissement de la taille des navires et réduire les coûts de transit des marchandises. » En clair, enclencher un cercle vertueux pour diminuer l’écart de compétitivité avec les ports du Nord. Mais cet accroissement de la productivité de la chaîne doit surtout démarrer par l’amélioration des conditions d’accueil des navires: approfondissement des chenaux d’accès et des souilles, augmentation de la capacité d’accueil des quais, adaptation de l’outillage aux trafics, capacité de stockage nécessaire, augmentation des cadences et de la durée d’ouverture du port, amélioration de l’accueil des passagers et de la croisière, etc.
Une hypothèse réactive
Ce qui pourrait a priori ressembler à des lieux communs a pourtant été finement analysé et chiffré, trafic par trafic, dans une hypothèse réactive. Hydrocarbures et gaz passeraient ainsi de 982 000 t en 2005 à 1,7 Mt dès 2015 et 1,8 Mt en 2020. Idem pour les clinkers et ciments (de 121 000 t à 550 000 t en 2015 et à 650 000 t en 2020), les sables (de 164 000 t à 560 000 t puis 650 000 t), les ferrailles et déchets plastiques (de 78 000 t à 142 000 t puis 181 000 t), les conteneurs (de 30 000 à 54 000 EVP), les MPA vracs solides, les huiles de soja et de colza, etc. Bref, de 2 471 000 t de marchandises enregistrées en 2005, Brest atteindrait ainsi 4 724 000 t en 2015 et 5 109 000 t en 2020. Non sans quelques investissements bien sûr: 76,8 M€ pour la phase 1 et 40,4 M€ supplémentaires pour la phase 2. « Nous n’avons pas attendu la fin de cette étude stratégique pour lancer les premiers investissements », souligne-t-on à la CCI qui a donc déjà démarré concrètement le schéma de développement à long terme de son port.