Résistant aux aléas qui ont fait disparaître tant de sites français, la réparation navale brestoise est aujourd’hui le premier chantier hexagonal en la matière et l’un des tout premiers de la façade atlantique européenne. Mieux, le chantier brestois Sobrena est devenu l’un des sites mondiaux de référence en termes de maintenance de méthaniers. « C’est la branche la plus technique et celle qui connaît le développement le plus spectaculaire » commentait-il y a quelques années le président François Meunier en précisant que c’était « l’avenir à moyen terme » et qu’il s’attendait à « une accélération du phénomène d’ici 4 à 5 ans. » La réalité lui a donné raison puisqu’en 2007, le chantier brestois a traité 11 navires de ce type et 15 en 2008, dont beaucoup pour des durées atteignant 6 mois.
De plus en plus reconnue, l’expertise de la Sobrena en matière de méthanier lui sert également de carte de visite auprès d’armements qui, sans cette particularité technique très pointue, n’auraient pas fréquenté les cales brestoises. C’est le cas de Bergesen, par exemple, qui a confié son tout premier navire à la Sobrena. « Nous avons ainsi pu démarrer une relation commerciale qui risque de porter ses fruits à l’avenir. Il en va de même pour d’autres armements de LNG qui, venant sur le bassin atlantique, commencent à nous questionner sur des arrêts techniques concernant d’autres types de navires. Notre positionnement sur les LNG nous a aidés à nous faire connaître et a suscité des opportunités. »
Des vents porteurs
S’affirmant sur ce créneau qu’elle juge porteur, la Sobrena a obtenu l’an dernier le permis de construire d’une salle propre (c’est-à-dire étanche) de 2 000 m2, tout spécialement dédiée aux travaux de cryogénie. Pas question pour autant de tout miser sur les LNG. « Nous ne devenons pas un chantier de méthaniers », souligne le directeur, Michel Faou, en indiquant « vouloir rester ouvert à des travaux sur tous types de navires. » Et la Sobrena a bien fait puisque le boom du retrofit en matière de LNG s’est un peu tassé. « Les navires les plus anciens ont pratiquement tous connu ces lourdes périodes d’entretien et les plus récents n’ont pas encore atteint l’âge du retrofit. » Retour à la case départ donc et fin des trois années pleines avec plan de charge régulier et bien étalé sur l’année. « Nous retrouvons le rythme classique d’un chantier de réparation navale caractérisé par des creux et des périodes intenses », admet le directeur Michel Faou. En dépit des mouvements sociaux qui ont secoué le chantier au printemps 2008 (Ndlr: neuf semaines de grèves des heures supplémentaires), plusieurs points amènent la Sobrena à une analyse plutôt optimiste de son avenir. « Globalement, nous constatons une augmentation de la taille des navires et, par voie de conséquence, le besoin de plus en plus affiché de grandes cales. » Un atout pour Brest dont les formes de radoub et les moyens industriels sont dimensionnés pour les gros navires. Affichant 338 m de long pour 55 m de large, la Forme 2 peut accueillir des navires de 280 000 t. Et avec 420 m × 80 m, la Forme 3 peut traiter des navires de 550 000 t. Remise à neuf pour un montant de 15 M€ HT, la Forme 1 sera opérationnelle début 2009. Longue de 225 m et élargie à 33 m, elle pourra accueillir des navires de 50 000 t. Faisant ainsi gagner 20 % de temps d’occupation, elle permettra de libérer de la place dans les autres formes qui sont aujourd’hui surchargées. Du coup, la Sobrena envisage de passer de 250 employés à 300 dans les cinq années qui viennent.