Le 23 septembre, le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau a présenté au Parlement européen les nouvelles mesures que l’UE entend engager contre la piraterie au large de la Somalie. Une cellule de coordination militaire a été mise sur pied à Bruxelles pour assurer l’accompagnement de certains navires dans le golfe d’Aden, la protection des convois humanitaires et la surveillance des pêches. Le 19 septembre, la France a déposé, au Conseil de sécurité de l’ONU, un projet de résolution sur la lutte contre la piraterie maritime dans le Golfe d’Aden. Cette résolution, la troisième sur ce sujet, vise à mettre fin à l’utilisation comme bases flottantes ou « navires mères » de cargos et de porte-conteneurs, détournés par les pirates somaliens en vue d’attaques à plusieurs centaines de kilomètres au large. Elle devrait également déboucher sur la mise en place d’une force maritime internationale. À l’occasion de sa participation à l’Assemblée générale des Nations unies à New York les 22 et 23 septembre, Nicolas Sarkozy a évoqué ce dossier avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
Selon l’International Maritime Bureau de Londres, 54 actes de piraterie ont eu lieu au large de la Somalie depuis le début de l’année. En outre, 12 navires et plus de 240 membres d’équipage européens, russes et autres sont encore séquestrés.
Le 18 septembre à Londres, le syndicat International Transport Federation a rejoint la Table ronde des organisations maritimes Bimco, Intercargo, ICS/ISF et Intertanko. La Table Ronde a lancé un appel urgent à l’ONU et à l’OMI pour « une action réelle et immédiate », contre la recrudescence des attaques au large de la Somalie, car la situation « risque de devenir irrémédiablement impossible à contrôler ». Elle demande au secrétaire général de l’OMI Efthimios Mitropoulos d’user de son influence auprès de l’ONU pour que soient renforcées les forces navales sur zone. « Seules les interceptions et les arrestations, autorisées par la résolution 1816 (passée en juin) du Conseil de sécurité peuvent régler le problème », indique la Table Ronde qui note « un manque de volonté politique de la part des gouvernements pour donner à leurs forces militaires les règles d’engagement claires dont elles ont besoin ». Si la situation actuelle se maintient, souligne la Table Ronde, de plus en plus d’armements vont éviter le golfe d’Aden et envoyer leurs navires via le cap de Bonne Espérance « avec de sévères conséquences pour le commerce international, y compris une hausse des prix des marchandises à livrer ».
Le 19 septembre à Bruxelles, l’Association des armateurs européens (ECSA) a demandé la même chose aux États membres de l’UE et la prolongation indéfinie de la résolution 1816, qui expire le 2 décembre.
Le 21 septembre, des pirates somaliens ont détourné le cargo Captain-Stephanos, battant pavillon panaméen et propriété de l’armement grec ChartWorld Shipping Corporation. La veille, le navire grec Centauri avec un équipage de 25 Philippins avait été attaqué à la roquette.
Ces incidents ont incité le gouvernement grec à examiner la participation d’un bâtiment grec à la force navale internationale sur zone.
Même la Russie envisage de la rejoindre. « Nous préparons notre participation aux efforts internationaux pour combattre la piraterie au large de la côte somalienne, a déclaré le 24 septembre, l’amiral Vladimir Vysotsky commandant la Marine russe, mais les bâtiments russes conduiront leurs opérations eux-mêmes ».
Sur zone, la force navale internationale CTF-150 regroupe des unités de Grande-Bretagne, de France, du Canada, d’Allemagne, du Pakistan et des États-Unis. Le 22 septembre, son commandant, le vice-amiral américain Bill Gortney a souligné que 12 attaques avaient été contrées depuis le mois de mai. « La coalition n’a pas les moyens d’assurer une protection 24 heures par jour au grand nombre de navires de commerce de la région, déclare-t-il dans un communiqué, les compagnies maritimes doivent prendre des mesures pour défendre leurs navires et leurs équipages. (…) Les efforts de la coalition navale donneront à l’OMI le temps d’œuvrer au niveau international en vue de trouver une solution à long terme. C’est un problème qui commence à terre ».