Les forces françaises ont libéré par la force les deux otages français du voilier Carré-d’As, détourné par des pirates somaliens dans la nuit du 2 septembre (voir notre article p. 12).
Le président de la République Nicolas Sarkozy leur a donné l’ordre d’intervenir le 15 septembre à 21 heures Le couple français est sain et sauf. Un pirate a été tué et six autres ont été capturés. L’opération, d’une durée de 10 minutes, a été menée uniquement en mer par les commandos de Marine du Commandement des opérations spéciales. Ceux-ci ont bénéficié de l’aide de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), d’une surveillance aérienne et de l’appui de la frégate Courbet déployée sur zone dans le cadre de la Task Force 150, composante navale de l’opération internationale de lutte contre le terrorisme « Liberté immuable ». Le Carré-d’As devrait arriver à Djibouti le 22 septembre.
Lors d’une intervention en direct du palais de l’Élysée, le 16 septembre, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’une trentaine d’hommes, tous indemnes, avaient participé à l’opération et que le corps du pirate tué sera rendu aux autorités somaliennes. Il a aussi remercié l’Allemagne et la Malaisie pour leur « appui », sans autre précision. De son côté, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a déclaré, à France Info, que la France va proposer le lancement en décembre d’une mission militaire aéronavale européenne pour combattre la piraterie au large de la Somalie. Cette mission devrait regrouper trois bâtiments d’intervention, avec des forces militaires à bord, une unité de soutien et trois avions de surveillance maritime. En outre, le président de la République a déclaré que les six prisonniers seront « ramenés en France » et que leur extradition vers la Somalie ne pourrait se faire qu’avec l’assurance d’une condamnation et qu’ils purgeraient leurs peines. « Cette opération est un avertissement pour tous ceux qui se livrent à cette activité criminelle, dit-il, La France n’acceptera pas que le crime paie et c’est un appel à la mobilisation de la communauté internationale. (…) Il ne s’agit plus aujourd’hui de cas isolés, mais d’une véritable industrie du crime. Nous avons à affronter un problème de principe: celui de la remise de rançon à des preneurs d’otages. Une rançon nous avait d’ailleurs été demandée ». Elle aurait été de l’ordre de 2 M$. Enfin, Nicolas Sarkozy a appelé à la création d’une « police des mers », soulignant que « la France ne pouvait porter seule » le poids d’une surveillance totale de cette région maritime, considérée comme l’une des plus dangereuses du monde. Il a annoncé une initiative de la France en ce sens au Conseil de sécurité de l’Onu, dont il assistera à l’assemblée générale à New York les 22 et 23 septembre.