Le 10 mars, vers 7 h 45, pilote à bord, le cargo polyvalent néerlandais, Artemis, de 88,60 m s’échouait sur la plage des Sables de l’Olonnes, provoquant un démarrage inespéré de la saison touristique. Le 21 avril, l’Inspectie Verkeer en Waterstaat diffusait son rapport préliminaire rédigé uniquement en néerlandais. À notre demande, un juriste néerlandais a bien voulu traduire les conclusions, elles aussi, préliminaires.
« Aucune cause technique qui pourrait expliquer l’échouement n’a été trouvée.
– La préparation pour le voyage ainsi que la navigation ont été insuffisantes. Le commandant était seul à la passerelle pendant l’approche portuaire, ce qui n’est pas conforme avec le “Bridge Ressource Management”.
– La route suivie par le navire doit être examinée plus en détail. Cet examen est en cours par les autorités françaises et ces conclusions seront transmises au Conseil de la navigation (Raad van Scheepvaart).
– L’événement de mer de l’Artemis est dû à une navigation irresponsable, dans les conditions présentes, trop près des eaux peu profondes.
– La forte tempête avec des rafales expliquent pourquoi l’Artemis n’a pas pu éviter l’échouement.
Ces conclusions fournissent suffisamment d’éléments pour permettre la soumission de cette enquête préliminaire au Conseil de la navigation avec recommandation de la mise en place d’une enquête approfondie ».
Les inspecteurs néerlandais indiquent dès le début du rapport que le cargo était armé par six personnes: le commandant, l’homme de barre (stuurman), le mécanicien et trois matelots. « Ce qui est conforme au “minimum safe manning certificate” », souligne le rapport.
En supposant que l’un des matelots soit le cuisinier, il va donc falloir que les autorités du pavillon expliquent une nouvelle fois comment s’organise la veille de nuit à bord, après avoir vérifié, le 10 mars, le niveau de clarté vers 7 h 45 .
L’erreur est humaine, persévérer est diabolique
Ce n’est pas, en effet, la première fois que les normes d’équipage néerlandaises (entre autres) posent de lourdes interrogations. En février 2003, elles ont favorisé l’abordage entre l’Arklow-Ranger (89,25 m) et le chalutier Pepe-Roro immatriculé aux Sables d’Olonnes: deux morts et un disparu côté français. Le rapport du BEAmer français et les déclarations faites par le commandant néerlandais de 59 ans au tribunal d’Amsterdam auraient dû rapidement attirer l’attention des autorités maritimes des États membres et celle de l’Union européenne: absence totale de veille pour le BEAmer (JMM du 28/11/2003); 14 à 20 h de travail quotidien pour le commandant (JMM du 20/2/2004). Le tribunal néerlandais concluait que le commandant n’était sûrement pas le seul responsable des trois morts. En effet, on pouvait imaginer que l’État du pavillon allait s’émouvoir.
Poursuivie par une idée fixe, la Commission européenne essaie vainement de promouvoir le transport route-mer-route intra-européen. Document de transport unique ou non, il ne devrait pas avoir de développement du transport maritime de substitution tant que ne sera pas résolu le problème des caboteurs armés par six navigants.
Le cabinet du ministre semble beaucoup s’intéresser à l’abordage portuaire du Havre (voir le JMM no 4627-4628 du 22 août 2008). Il va sûrement se passionner pour le prochain abordage de nuit entre un ferry et un caboteur néerlandais (ou maltais type Natissa dont nous attendons de prochaines nouvelles).