En fait, la partie américaine s’aligne sur les règles canadiennes, déjà durcies en 2006, pour les bateaux navigants sur le Saint-Laurent à destination d’un port canadien. Les procédures sont désormais les mêmes quelle que soit la destination. Les inspections sont aussi nettement renforcées. Elles sont partagées entre la Garde côtière américaine, Transports Canada et les deux corporations (américaine et canadienne) gérant la voie maritime.
Réfractomètre à bord
Tous les navires Nobob (sans ballast à bord) entrant dans le fleuve doivent avoir rincé leurs citernes à l’eau salée à au moins 200 milles de toute côte. Auparavant, cette pratique était seulement volontaire pour les eaux américaines. En 2007, 87 % des navires se déclaraient Nobob. Les exigences de production de documents et de déclaration aux autorités avant l’arrivée dans la voie maritime sont plus strictes. Tous les navires doivent posséder à bord des réfractomètres à mains calibrés, permettant de mesurer la salinité des citernes d’eaux de ballast, afin que les niveaux requis (30 parties par mille au moins) soient respectés et consignés.
Nobob ou non, ils sont soumis à chaque passage à une inspection, le plus souvent dans les écluses alentour de Montréal, avec, outre un regard sur la documentation, l’examen physique et la mesure d’échantillon dans chacune des cuves. En cas de non conformité, ils doivent retourner dans l’océan refaire leur rinçage, perdant un temps précieux. Ou bien ils ont interdiction d’utiliser les cuves problématiques, les obligeant à conserver les eaux de ballast à bord, avec un contrôle sur le chemin de retour. Ces deux options représentent finalement une importante sanction économique pour les propriétaires. Une amende maximale de 36 625 $ (28 655 €) par incident peut également être imposée.
Protéger les grands lacs
Ces mesures visent à contrer l’introduction d’espèces envahissantes dans les grands lacs, ce réservoir naturel qui compte 20 % des réserves d’eau douce de la planète, où certaines ont déjà fait d’immenses dégâts. En l’absence d’autre système de traitement et de gestion des eaux de ballast, sur lesquels des scientifiques et industriels planchent actuellement, le rinçage à l’eau salée est considéré comme le moyen le plus sûr d’empêcher des espèces d’eau douce exogènes éventuellement présentes dans les sédiments de survivre. Il éliminerait 99 % des organismes.
Les règles actuelles de la voie maritime sont toutefois provisoires et assumées comme telles. Autorités et transporteurs attendent en effet toujours une nouvelle réglementation nationale. Le congrès américain a commencé à examiner quelles devraient être les normes, celles internationales étant considérées comme insuffisantes, mais les décisions tardent à être prises. La Garde côtière américaine, de son côté, travaille à un programme plus complet qu’à l’heure actuelle. En effet, la pression des populations riveraines des grands lacs et des groupes environnementalistes est forte. Même du côté des industriels du transport maritime et des gestionnaires de la voie, on s’impatiente. Le pire pour eux serait en effet que chaque état promulgue ses propres règles, suivant l’exemple du Michigan. Sans compter l’image négative associée à ce mode de transport.