Lors de la 10e soirée des chargeurs, en présence du directeur de cabinet de Dominique Bussereau, Denis Choumert, président de l’AUTF, présentait dans un premier temps les « deux sujets d’inquiétude » des chargeurs.
« Nous craignons que les nécessaires réformes de fond et les investissements engagés tardivement ou encore en attente de décision ne permettent pas de rattraper rapidement le retard pris par la France en matière de transport et de logistique, et que dans l’intervalle nos flux et nos opérateurs continuent d’être pénalisés. Nous craignons aussi que des mesures prises au nom de l’environnement et du long terme ne compromettent le développement de nos entreprises à court ou moyen terme ».
Toujours en quête de « visibilité et de cohérence », les chargeurs ont perçu des « signaux qui les interpellent ». Et en tête, arrive la politique portuaire française. Denis Choumert a rappelé que « des services portuaires compétitifs combinés à des dessertes terrestres performantes participent à l’attractivité de notre pays, à la compétitivité de nos exportations et à la création de services logistiques à haute valeur ajoutée ».
Il va sans dire que l’AUTF a soutenu « sans réserve » la réforme portuaire. Mais c’est la nouvelle gouvernance des ports autonomes qui crée des doutes: « nous insistons pour que les clients des ports, toutes familles confondues, soient représentées dans ce conseil de développement pour y exprimer leurs besoins ». En tête de ces besoins arrive l’accès fluvial à Port 2000, « grand oublié de cet aménagement stratégique ».
Denis Choumert appelait à un « rapide retour à la paix sociale » dans les ports afin, entre autres, d’éviter le retour de la surcharge « grève ».
Ferroviaire: problème politique et technique
En deuxième position sur la liste des doléances, arrive le ferroviaire qui peu à peu fait sa « mutation à laquelle nous apportons notre soutien, et ce en dépit du fait que certains chargeurs ne disposant pas de flux massifiés en soient les victimes collatérales : dans l’attente de la création d’opérateurs ferroviaires de proximité, ces industriels n’ont en effet pas d’autre alternative que le recours au transport routier ». « Le vrai défi du fret ferroviaire, c’est manifestement l’infrastructure » soulignait-il: mauvais état du réseau, imperfections et gestion perfectible de l’allocation des capacités et de la circulation des trains ont retenu l’attention de l’École polytechnique de Lausanne et de la Cour des comptes. « Le problème est de nature politique mais aussi technique ». Aussi le président de l’AUTF demandait-il au directeur de cabinet de Dominique Bussereau « quels moyens financiers pour conduire une rénovation la plus rapide et la plus profonde possible du réseau et quels pouvoirs voulez-vous donner à Réseau Ferré de France pour redéfinir les priorités entre le voyageur et le fret afin de donner au fret des sillons de qualité qui lui sont indispensables, ne serait-ce pour atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement? ». Sur le plan technique, l’AUTF suggère à RFF d’être plus réactif dans le tracé et l’attribution des sillons qu’ainsi que dans l’amélioration de la programmation des plages travaux, « en y associant le cas échéant non seulement les entreprises ferroviaires mais aussi les clients, à l’image de ce qui existe en transport fluvial ».
Si le projet Seine Nord Europe est une priorité pour l’AUTF, « nous nous étonnons que la mise au débat public d’un projet de connexion entre le Rhône et le réseau européen n’apparaisse pas dans le projet de loi de programme du Grenelle de l’environnement examiné par le conseil des ministres du 11 juin dernier alors qu’il s’agissait d’une conclusion majeure du Grenelle » Les chargeurs français souhaitent « rapidement » pouvoir librement choisir le manutentionnaire fluvial dans les ports maritimes et donc sortir du monopole de manutention des dockers et donc de leurs employeurs.
Si le 44 t est enfin accepté pour les pré- et post-acheminements fluviaux, à la grande satisfaction de l’AUTF, celle-ci ne comprend pas pourquoi les pré et post-acheminements ferroviaires en sont privés. L’AUTF demande donc que « cette lacune soit réparée ».
Le transport routier étant et devant rester le mode dominant, il a occupé une large part des propos du président. Pour être en ligne avec le Grenelle de l’environnement, les chargeurs veulent optimiser l’usage du semi-remorque: ce qui revient à accroître les charges et les dimensions utiles des véhicules.
Non à la ratification au projet de la CNUDCI
« (...) Nous avons bien reçu le courrier de Dominique Bussereau relatif au projet de convention sur le droit maritime international de la CNUDCI (Commission des Nations Unies pour le droit commercial international) et nous comprenons que les enjeux diplomatiques peuvent justifier que la France évite une confrontation frontale au sein de l’ONU. Il n’en demeure pas moins que cette convention est fortement déséquilibrée et nous est défavorable. Nous avons bien noté que le ministère des Transports serait vigilant lorsque se posera la question de la ratification de cette convention ».
Faut-il comprendre que, du point de vue français, le projet de convention sur le transport de marchandises effectué en tout ou partie par mer devrait connaître le même sort que celui de la convention HNS adoptée en 1996?