Journal de la Marine Marchande (JMM): Le projet de loi sur la réforme portuaire se heurte à une forte opposition concernant la manutention portuaire. Qu’en pensez-vous?
Michel Quimbert (M. Q.): Je souhaite que la réforme portuaire se mette en œuvre dans les meilleurs délais, que l’on siffle la fin de partie. Car, les trafics susceptibles de s’en aller ne reviendront pas avant longtemps. Nous avons passé des années à restaurer l’image du port qui était considéré comme un port fiable. On est en train de détruire l’image, non seulement du port de Nantes-Saint-Nazaire, mais aussi des ports français. Le texte tel qu’il a été voté par le Sénat est tout à fait convenable. Il importe maintenant que les partenaires sociaux se mettent autour de la table sans délai pour mettre en œuvre la réforme. Je souhaite que l’on détermine des terminaux qui fassent l’objet de convention d’exploitation avec des nouveaux opérateurs, et que tout ceci se fasse rapidement et dans le consensus général. Je n’exclus pas que le port puisse prendre des participations au sein des nouvelles sociétés d’exploitation de ces terminaux. Ce qui donnerait une crédibilité au projet vis-à-vis des acteurs économiques et aussi des partenaires sociaux. Pour la maintenance, le port doit créer une société avec des partenaires qui seraient les exploitants des terminaux. Le personnel de maintenance actuel restera ainsi le personnel de maintenance du futur. Le port serait nécessairement l’actionnaire principal de cette société qui sera gérée comme une entreprise industrielle.
JMM: Quelle stratégie le port cherche-t-il à développer?
M. Q.: Le port est confronté depuis des siècles à un problème d’aménagement de ses accès. L’une des grandes priorités est celle d’améliorer la capacité d’accueil des navires. C’est aussi de développer les plates-formes logistiques de Montoir et de Cheviré, et augmenter l’espace portuaire. Il faut penser à déployer une plate-forme logistique avancée au nord d’Angers, et une autre sur le centre en réouvrant le dossier de Vierzon, à condition d’avoir une offre ferroviaire de qualité. Il faut développer le fluvial et favoriser le rapprochement entre les autres ports de l’Atlantique.
JMM: Le projet d’extension du port sur le site de Donges-Est, 500 m de quai, et 49 hectares de terre-plein, a-t-il encore un avenir?
M. Q.: La commission européenne ne dit pas qu’il ne faut pas faire Donges-Est. Elle dit « vous faites Donges-Est, mais il faut que les mesures compensatoires soient convenables. Les mesures compensatoires complémentaires qui étaient réclamées devraient être validées par le comité scientifique. »
JMM: Peut-on faire le point sur l’autoroute maritime transgascogne?
M. Q.: Nous essayons de construire des autoroutes maritimes, avec beaucoup de peine. Cela va venir. C’est une question de temps. Parce que la nécessité fait loi: Cela constitue une alternative à un tronçon terrestre. C’est donc un programme d’aménagement du territoire. La situation sur les routes se dégrade, les coûts aussi. Ils deviennent indispensables.