Le musée national de la Marine organise, à Paris jusqu’au 8 septembre, une exposition de photographies consacrée au navigateur Éric Tabarly (1931-1998), à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition.
En 1952, celui qui « a fait aimer la mer aux Français » reçoit de son père un cotre d’origine irlandaise dénommé Pen-Duick, construit en 1898 et qui va déterminer son destin. En 1953, Éric s’engage comme matelot dans la Marine nationale, devient pilote d’avion l’année suivante, effectue un séjour en Indochine puis est reçu à l’École navale en 1956. Il finira sa carrière militaire comme capitaine de frégate, mais connaîtra la gloire bien avant. En 1964, à 33 ans, il remporte la course à la voile en solitaire « Transat », instaurée par les Anglo-Saxons quatre ans plus tôt. Parti le 23 mai de Plymouth à bord du Pen-Duick-II dont il a conçu les plans et l’aménagement, il arrive à Newport avant ses quatorze concurrents le 18 juin au matin, son pilote automatique en panne et un silence radio total pendant toute la course! Le Pen-Duick-II est toujours armé par l’École nationale de voile et des sports nautiques.
Par la suite, Éric Tabarly remporte à nouveau la « Transat » en 1976 et gagnera d’autres courses au large: Fastnet, Channel Race, Morgan Cup, Plymouth/La Rochelle, Plymouth/Santander, Les Bermudes et Sydney/Hobarth. Passionné par la tradition de la voile et l’innovation, il conçoit les voiliers Pen-Duick-III, IV, V, VI et Paul-Ricard, adaptés pour chaque course. Le musée national de la Marine acquiert en 1992 le Pen-Duick-V à coque d’aluminium, à bord duquel Éric Tabarly a remporté la « Transpacifique » en solitaire en 1969, couvrant les 4 500 milles séparant San Francisco de Tokyo en 39 jours avec 10 jours d’avance sur le deuxième concurrent!
La Marine nationale détache le capitaine de corvette Éric Tabarly dès 1965 à l’École nationale de voile. Il y formera de nombreux navigateurs, dont certains se feront un nom: Olivier de Kersauzon, Alain Colas, Philippe Poupon, Marc Pajot, Jean-François Coste, Titouan Lamazou, Jean Le Cam et Jean-Louis Etienne.
Dans la préface du livre « Tabarly, victoire en solitaire », Maurice Herzog, l’alpiniste vainqueur de l’Annapurna en 1950, lui rend un hommage éloquent: « L’aventure est le contraire d’un coup de tête! C’est une volonté réfléchie et obstinée de forger soi-même son propre destin et de s’imposer aux vents, au lieu de se laisser faire par eux ».