À sa sixième semaine, le conflit ouvert par la réforme portuaire a connu un rebondissement spectaculaire sur le port de Marseille. Pour la première fois, les agents du PAM CGT s’en sont pris au trafic des passagers, plus précisément à celui des croisières. Quelques minutes avant le début du ballet des escales du week-end, les agents portuaires CGT ont placé, flèche en avant, des engins de levage de plus de 100 t en bord à quai du môle Léon-Gourret. Empêchés d’accoster aux postes 162 et 163, le MSC-Orchestra et le Costa-Magica ont dû mouiller près du J4. Situation inédite, près d’un millier de passagers ont débarqué ou embarqué à bord de quatre chaloupes des navires et d’une vedette du PAM. Ces transbordements se sont plutôt déroulés dans la bonne humeur. Le bouclage s’étendant jusqu’à lundi matin, le Coral a dû le dimanche matin recourir à l’opération chaloupe tandis que le Bleu-de-France (CDF) qui clôturait sa croisière inaugurale en Méditerranée préférait se dérouter sur Toulon.
En s’attaquant à un trafic emblématique pour la municipalité marseillaise, la CGT franchit un nouveau cap dans le conflit. C’est ce que justifie Pascal Galéoté, secrétaire CGT du PAM: « Nous sommes dans une spirale de radicalisation du conflit et un durcissement de l’action. Mais la faute en revient exclusivement au patronat et au gouvernement qui restent sourds à nos revendications et à nos propositions. » Le leader de la CGT évoque « une lutte longue, dure, avec le processus législatif en cours qui vise à démanteler le port ». L’opposition à la réforme des ports autonomes touchait jusqu’à présent les trafics hydrocarbures et conteneurs. Le terminal de Mourepiane ne fonctionnait d’ailleurs pas samedi 30 mai, selon le PAM. Et dimanche 1er, les deux derniers shifts n’ont pas eu lieu sur le terminal de Fos.
L’épisode des croisières est venu déranger un scénario aujourd’hui établi, fait de grèves saucissonnées et de la journée nationale d’arrêt. La direction du PAM qui communiquait pratiquement chaque jour sur le mouvement, a coupé le fil. Et le patronat local se montre plutôt discret. À Marseille, la guerre des positions semble s’être figée sinon installée. Chacun campe dans ses tranchées.