C’est un véritable coup de gueule que l’union professionnelle a poussé le 15 mai dans ses locaux de la rue Anfray. Pour Christian Leroux, le président de l’Umep, trop c’est trop. Avec les mouvements de grève qui frappent depuis plusieurs semaines le port du Havre, l’union qui regroupe six cents entreprises représentant 20 000 emplois directs et 14 000 emplois indirects, a décidé d’exprimer ouvertement et clairement sa position. Et Christian Leroux ne mâche pas ses mots pour dénoncer ces mouvements qui selon lui ont un impact à la fois sur le court et le long terme « Oui à la réforme, non à la chienlit… ». Le responsable craint notamment que le mouvement perdure jusqu’au mois d’octobre, date à laquelle les décrets d’application de la loi sur le plan de relance des ports devraient paraître. Pour l’Umep, l’heure est grave et elle n’hésite pas à qualifier les grèves de véritables « actes de sabotage ». André Aubée, le vice-président de l’union et administrateur de la compagnie nouvelle de manutentions portuaires (CNMP) témoigne. « Notre société traite 15 % du volume conteneurs du port du Havre. Aujourd’hui, nous avons perdu la moitié de notre trafic. En ce moment, notre préjudice flirte avec le million d’euros par mois sur un chiffre d’affaires mensuel de quatre millions… »
Une perte de 16 000 conteneurs par semaine
En ne comptant que la grève des heures supplémentaires, son activité est actuellement amputée de 20 %. « Les opérations du matin s’arrêtent à midi au lieu de 14 heures ou 15 heures… Il y a aussi les trois nuits de grève par semaine, la journée d’arrêt complet le samedi et une autre du samedi 15 heures au dimanche 15 heures. C’est extrêmement pénalisant lorsqu’on sait que 30 % du trafic se font sur le week-end… Nous voyons les armements quitter Le Havre au profit des ports du Nord comme Anvers, Zeebrugge ou encore Rotterdam. Les marchandises ne passent plus par Le Havre. Or, il est plus facile de faire revenir un armateur que de la marchandise… ». Le président du groupement havrais des armateurs et agents maritimes (Ghaam), souligne, quant à lui, que les acteurs portuaires perdent 16 000 conteneurs par semaine, un préjudice financier qui se chiffre à 4,5 M€ par semaine. « En 2007, les ports du Nord étaient congestionnés. Aujourd’hui, c’est différent. Ils arrivent sans problème à absorber le trafic havrais que nous perdons… » Autre chiffre, celui de Pascal Sax de la Générale de Manutention Portuaire qui cite une baisse d’activité et de cadence de l’ordre de 25 % pour la société. Enfin, Jean-Louis Le Yondre, le président du syndicat des transitaires, indique que le plan gouvernemental ne concerne que 480 salariés – portiqueurs et personnes chargées de la maintenance – pour lesquels toutes les garanties en termes de convention collective, retraite, salaire et même un « retour parachute » pendant cinq ans, sont assurées par le gouvernement. Christian Leroux se dit ouvert au dialogue mais l’inquiétude est réelle. Depuis le début des grèves, le port du Havre a perdu cinquante six escales. Les membres de l’Umep espèrent des jours meilleurs.