Après Roissy, Le Havre… A priori, rien de commun entre l’aéroport du nord parisien et le port normand. Cependant, du côté des Douanes françaises, il s’agit de deux places fortes. La direction régionale des douanes, au Havre, est la seconde en France derrière celle de Roissy. L’an dernier, 2,9 Md€ de recettes fiscales y ont été collectés, soit une progression de 12 % par rapport à 2006. « Et c’est 30 % de mieux que par rapport à 2005 », souligne Patrick Ollivier, le directeur régional. Le Havre est ainsi au premier rang national pour la perception des droits de douane (463 M€ l’an dernier, soit 40 % des perceptions réalisées au niveau national) et au second rang, derrière Roissy, pour la perception de la TVA.
3 000 déclarations par jour
Si la douane havraise a un tel poids dans le pays, c’est, bien entendu, à cause du port. Plus de trafic (comme en 2007), c’est aussi plus de recettes et plus d’opérations de dédouanement: 751 371 déclarations l’an dernier. Soit une moyenne de trois mille par jour. Et aujourd’hui, toutes les déclarations sont dématérialisées grâce au nouveau système Delt@, qui succède à Sofi. En la matière, la douane havraise est pionnière.
127 M€ de droits de port
Chargée de percevoir la TVA et les droits de port, la douane a collecté l’année dernière un peu plus de 127 M€ au titre des droits de port. Quelque 90 % de cette somme reviennent au port autonome du Havre, tandis que le reste va au port de Rouen dont une partie des activités, avec Port-Jérôme, est du ressort havrais. Les droits de port collectés par la douane représentent 70 % des recettes du port du Havre. « Soit un demi-million d’euros par jour », assure Patrick Ollivier. Un chiffre rondelet à mettre en perspective avec les paralysies à répétition enregistrées depuis le début avril par les terminaux…
Mais la douane, c’est aussi le contrôle des marchandises. L’an dernier, 204 664 articles contrefaits ont été saisis par les services. Le tout pour une valeur marchande de plus de 19,6 M€. Exemples de saisies: 78 500 fausses Ray Ban, 7 454 paires de chaussures Puma ou encore 5 512 sacs à main importés de Chine, le premier client du port du Havre et portant la prestigieuse marque Gucci. L’année précédente, un peu moins d’articles avaient été saisis au Havre mais pour une valeur marchande nettement supérieure. La raison: un énorme stock de montres Rolex mis à jour par les douaniers. Au prix de vente sur le marché, les chiffres ont vite progressé...
L’an dernier, ce sont aussi 31 t de cigarettes de contrebande qui ont été saisies au Havre pour une valeur de plus de 8 M€. Depuis le début 2008, les services de Patrick Ollivier ont mis la main sur soixante-dix kilos de cocaïne. La drogue était dissimulée dans un conteneur frigorifique.
Le port se prépare au « 100 % scanning »
On appelle cela le « 100 % scanning ». À l’horizon 2012, tous les conteneurs expédiés vers le territoire nord-américain devront être passés au crible des rayons X. Objectif: surveiller l’ensemble du trafic avec les États-Unis. Ce sera alors un pas supplémentaire franchi dans le contrôle très en amont de l’arrivée dans les ports américains… Depuis les événements du 11 septembre 2001, cinq douaniers américains sont en poste dans le port du Havre. Que font-ils? Ils conservent un lien permanent avec leur pays et les informations circulent à la vitesse grand V. Le but: lutter contre la menace terroriste. « À ce jour, ils n’ont rien trouvé », souligne Patrick Ollivier, le directeur régional des Douanes. Dans les faits, les douaniers américains tentent de repérer les conteneurs susceptibles, en fonction de leur provenance ou de leurs marchandises déclarées, de poser un souci aux autorités américaines. Le conteneur ainsi suspecté est alors ausculté dans les moindres détails. Non par les Américains, mais par les douanes françaises. « Nous sommes actuellement à 7 à 8 % de conteneurs scannés », souligne Patrick Ollivier. Comment parvenir au chiffre de 100 % dans un délai qui sera porté au-delà de 2012? Le Sycoscan, ce système d’inspection par balayage radiographique qui vient d’être remis en service au Havre après un an d’arrêt pour cause de problèmes techniques, ne sera sans doute pas suffisant pour accomplir la mission dans sa totalité. Se posera alors le problème des moyens matériels. « Plusieurs solutions sont à l’étude », annonce Patrick Ollivier. Parmi elles, la création d’un terminal exclusivement dédié aux trafics avec les États-Unis. Il serait alors équipé en conséquence…