Surmonter le départ de Mærsk

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Le 2 novembre 2006, APM Terminals (APMT) signait son entrée à hauteur de 61 % dans le capital de NFTIou, l’exploitant du terminal à conteneurs de Dunkerque. Et le ton était vite donné avec pour objectif d’atteindre et dépasser les 500 000 EVP dès 2010. En 2007, le terminal n’a vu passer que 194 000 EVP. Mærsk Line, société sœur d’APMT au sein du groupe A.P. Møller, a compté pour 34 % du chiffre d’affaires de NFTIou, avec essentiellement ses lignes AE7 puis AE10 Chine/Europe, et WAF 6 Afrique de l’Ouest. Et au premier trimestre, 2008, ce chiffre a atteint les 50 % suite à la faible activité de CMA CGM.

Mais depuis le 1er avril, le feeder West France reste la seule ligne de Mærsk Line à faire escale à Dunkerque. Localement, en particulier pour les dockers de NFTIou et le syndicat CSOPMI, l’arrêt de la plupart des lignes de Mærsk est une trahison, un engagement non respecté. Ils attendaient plus de 20 % de croissance cette année grâce à l’armement. Ce sera une chute de 25 % autour de 150 000 EVP, au mieux, grâce à un très solide premier trimestre. En fait, l’activité a chuté de près de moitié depuis début avril, dans la mesure où la banane des Antilles n’est que partiellement de retour.

Dès sa prise de fonction début janvier, le nouveau p.-d.g. de NFTIou, le danois Jakob Sidenius, a entamé des négociations serrées avec le syndicat. En raison d’une progression « insuffisante » des discussions, Jakob Sidenius a placé la société le 18 mars dernier sous le régime de la loi de sauvegarde de l’entreprise, un régime préventif qui donne de l’air et du temps à la société en lui laissant une chance d’éviter le dépôt de bilan. « Une grande part du malentendu vient du fait que nos interlocuteurs ne comprennent pas la séparation réelle des entités APMT et Mærsk Line, qui sont exploitées indépendamment l’une de l’autre », insiste Jakob Sidenius. En radicalisant la crise, en se donnant un « cadre légal de négociation », le nouveau patron met les pieds dans le plat et fait à Dunkerque le politiquement incorrect. « Il ne s’agit pas seulement de faire face à un trou d’air passager. En réalité, notre compagnie est structurellement déficitaire depuis sa naissance en 2001. Elle a accumulé 12 M€ de déficit et n’a été bénéficiaire qu’en 2006 », observe-t-il. Face à l’accusation de trahison, il répond que l’engagement d’investir dans deux portiques sera tenu. Ils seront livrés fin 2008 et opérationnels début 2009. Le groupe a mis en place une équipe de direction complète, composée de Xavier Potdevin (directeur financier), de Søren Segaard (directeur commercial) et de Pablo Salinas (directeur d’exploitation). L’équipe a fait le tour de la vingtaine des grands armements actifs sur la route Asie/Europe. Certains ne sont pas intéressés par Dunkerque. D’autres marquent leur intérêt, mais posent deux conditions: obtenir la même productivité et les mêmes prix qu’auprès de la concurrence belge voisine. Ce qui rend nécessaires les deux nouveaux portiques, car cinq engins sont désormais exigés pour les plus grands porte-conteneurs. Ce qui nécessite aussi de passer à 33 ou 34 mouvements/heure en moyenne au portique contre 25 actuellement. Dans ses meilleures performances, le terminal atteint déjà les niveaux de ses voisins.

Mais surtout, pierre d’achoppement du conflit, la direction de NFTIou veut négocier deux points clés: d’abord, ajuster strictement les ressources de main-d’œuvre aux besoins. Dans les volumes d’effectifs, et dans le temps. Ensuite, limiter le recours aux salariés au statut de docker. Jakob Sidenius estime que certains postes, dans l’exploitation du magasin ou dans des tâches quasi administratives, ne relèvent pas de ce statut.

À l’heure actuelle, Il n’est prévu aucun licenciement sec. La limitation de l’usage à la sous-traitance, le recours aux accords de sous-traitance et détachements de main-d’œuvre, et les départs volontaires doivent suffire à réduire la charge fixe. À condition que la réorganisation du travail soit au rendez-vous. « Notre trésorerie est saine. Nous pouvons tenir un an dans ces conditions. Mais nous ne pouvons pas soutenir l’effort d’investissement et demander aux actionnaires l’effort nécessaire sans avoir effectué les modifications structurelles qui s’imposent. De même, les clients ne viendront avec des volumes importants que si nous sommes compétitifs. Mais nous sommes déterminés à réussir, avec le soutien très actif de tous les départements du port autonome. »

NFTIou en bref

NFTIou est une SAS détenue à 61 % par APM Terminals, 30 % par Terminal Link (groupe CMA CGM), et 9 % par le port autonome. Elle employait fin mars 130 personnes en CDI dont 100 dockers et assimilés, et 40 dockers équivalents temps plein en moyenne annuelle issus de la « force d’appoint » en intérim. Son chiffre d’affaires 2007 était de l’ordre de 20 M€.

NFTIou dispose de plus de 20 ha de terre-pleins bien desservis par le fer et par de nouvelles routes, et d’une porte moderne d’accès. Le poste du quai de Lorraine est servi par une rampe ro-ro et un portique Caillard de 45 t. Les trois postes du quai de Flandre, accessibles de 12,50 m à 16 m du nord au sud, sont équipés de deux portiques Noell de 50 t au spreader, et d’un troisième Noell de 61 t twin-lift.

Les lignes régulières clientes du terminal sont:

• Antilles CMA CGM Marfret;

• Pacifique sud CMA CGM Marfret Hapag Lloyd;

• Delmas con-ro, côte occidentale d’Afrique;

• MSC service feeder;

• Mærsk service feeder;

• service Alliance Maroc Comanav, CMA CGM, Vacs, IMTC;

• Agadir Express (si aliment) CMA CGM;

• Eucon (Irlande).

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