« En matière de transfert d’outillage, nous avons une longueur d’avance »

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Journal de la Marine Marchande (JMM): En 2007, les trafics ont encore progressé à 57,1 Mt. Au cours des dernières années, vous avez pulvérisé vos records. Les trois premiers mois de 2008 s’annoncent-ils sous les mêmes auspices?

Jean-Claude Terrier (J.-C.T.): « Depuis janvier, nous enregistrons une légère baisse de nos trafics. Globalement, nous perdons 2 % à 13,7 Mt. Les vracs sont stables. Si le charbon gagne 7 %, les minerais perdent environ 13 % à 3 Mt. Les petits vracs suivent cette tendance. Enfin, les céréales enregistrent une seconde partie de campagne plutôt morose. Les vracs liquides, quant à eux, sont en diminution.

À l’inverse, les marchandises diverses sont orientées à la hausse. Le roulier augmente de 15 %, notamment grâce au report des trafics liés à la récente grève des marins de SeaFrance. Sans cela, le trafic aurait plafonné. La raison en est d’ailleurs simple. Notre outil n’a pas connu de développement depuis l’an passé et nous frôlons la saturation. Nous avons besoin de nouvelles lignes ou d’une amélioration de la ligne existante. Trouver un relais de croissance au travers de l’ouverture d’une ligne doit se faire plus sur du “short sea” que sur le transmanche. Nous étudions aujourd’hui les différentes opportunités qui peuvent se présenter. Nous pensons plus à étendre notre offre vers l’est, notamment la Scandinavie. Quant à l’amélioration de l’existant, la ligne assurée par Norfolk, elle passe par un investissement de l’armement.

Enfin, pour parfaire ce tour d’horizon, les trafics conteneurisés se portent aussi mal que prévu. Nous nous préparons à une année difficile. Les escales de la ligne de Mærsk Line sur l’Afrique ont cessé. Le 26 mars, nous avons reçu le dernier navire de la ligne sur l’Asie. La banane antillaise revient, mais timidement. Nous avons démarré une ligne sur l’Irlande avec Eucon. Elle prend forme, mais nécessite encore des adaptations tant par l’armateur que par l’opérateur portuaire. Dans ce contexte, nous avons repris, avec NFTIou, notre bâton de pèlerin pour trouver de nouveaux clients. L’opérateur du terminal doit recevoir deux nouveaux portiques. tant que ce nouvel outil ne sera pas livré, il nous semble difficile d’imaginer que de nouveaux armateurs viennent s’ancrer. »

JMM: L’année s’annonce difficile en terme de trafics. Le plan de relance des ports amorcé par le secrétaire d’État aux transports, Dominique Bussereau, doit néanmoins permettre de redynamiser les ports autonomes. Quels avantages peut-il vous apporter?

J.-C.T.: Le plan de relance des ports français est engagé depuis le 14 janvier. Nous avons remis, comme dans les autres ports, un instantané de notre établissement au ministre. Concrètement, ce plan vise notamment au transfert de l’outillage et du personnel grutier et de maintenance vers les sociétés de manutention. La spécificité de Dunkerque vient que nous avons déjà réalisé ces deux opérations en 1999 (QPO) et 2001 (NFTIou), lorsque nous avons basculé l’outillage et une partie du personnel vers des sociétés de manutention. En la matière, nous avons donc une longueur d’avance. Nous comptons encore une cinquantaine de grutiers qui sont concernés par ce plan. Nous entamons des discussions avec tous les personnels concernés, comme avec les manutentionnaires. Notre parc de grues comprend environ une douzaine d’engins. »

JMM: L’aspect du transfert est important dans ce plan de relance, mais il comporte aussi un volet sur les dessertes terrestres et les investissements. Qu’envisagez-vous dans ces domaines?

J.-C.T.: « Le plan de relance est large. Pour la desserte terrestre, nous avons mis l’accent sur le ferroviaire et le routier. En matière d’investissements, nous souhaitons bien entendu participer. Dans ce cadre, il est tout aussi important de préserver le patrimoine pour mieux se développer. Le maintien de la capacité existante absorbe des ressources non négligeables. Elles se situent à hauteur de 5 M€ par an. Bien entendu, nous allons présenter des projets pour créer de nouvelles capacités de terre-pleins et de quais. »

JMM: Quels sont les principaux investissements à réaliser dans un futur proche?

J.-C.T.: « À court terme, nous devons lancer l’extension de quai et des terre-pleins au port central et au QPO (Quai à Pondéreux Ouest). À plus long terme, nous avons plusieurs projets; le terminal méthanier en représente un volet important. Le débat public étant terminé, la commission nationale doit maintenant exprimer formellement son avis. Nous l’attendons. Ensuite, nous lancerons la procédure avec EDF. L’investissement est de taille puisque, dans sa première phase, le port doit apporter 50 M€ et EDF 700 M€. Ce terminal doit ouvrir en 2013.

D’autres projets concernent le roulier. Actuellement, nous avons une passerelle d’avance, mais elle ne peut pas accueillir les navires à double pont. Nous réfléchissons donc à mettre en place une nouvelle passerelle avec ce dispositif. Ensuite, si des dossiers comme les voitures neuves devaient émerger, nous serons amenés à créer une passerelle Ro-Ro 5.

La zone logistique retient aussi notre attention. Quelque 150 ha sont équipés. Et 100 000 m2 d’entrepôts sont d’ores et déjà vendus. Nous nous projetons maintenant vers l’avenir avec une possible extension sur le sud.

Enfin, à plus long terme, nous regardons la darse de la Baltique et notamment son approche par le port Ouest. Située à l’est de la zone logistique, elle nous amène à réfléchir aussi à l’approche des quais d’Arcelor. La taille des minéraliers allant croissante, nous devons soit draguer les accès au QPO, soit créer un poste avancé. »

JMM: Vos projets sont multiples. Ceux dont vous venez de nous expliquer la teneur concernent principalement les quais. En matière terrestre, vous êtes devenu propriétaire du réseau ferré portuaire depuis l’arrêté publié en mars. Comment abordez-vous cette nouvelle tâche?

J.-C.T.: « En effet, nous avons pris possession de quelque 200 km de voies ferrées. En devenant propriétaire, nous avons maintenant une obligation de régulation des trafics sur ces voies. Jusqu’à la fin 2008, la SNCF demeurera le gestionnaire de l’infrastructure déléguée. Nous avons lancé un appel d’offres pour choisir le prestataire pour la maintenance et la régulation de ce réseau. La décision doit intervenir dans le courant de l’année. Maintenant, est-ce que tout sera opérationnel pour le 1er janvier 2009? Nous y travaillons. Nous refusons de voir le port autonome devenir une entreprise ferroviaire. Alors, nous accompagnerons les sociétés privées. Nous devons identifier les principaux points. Par exemple, sur le brouettage interne au port, il faut fédérer les entreprises pour créer les conditions de réalisation de ces trafics. »

JMM: Quels sont les goulets d’étranglement que vous rencontrez sur les approches terrestres du port?

J.-C.T.: « Comme nous l’avons déjà dit, ces approches font partie du plan de relance pour favoriser les modes alternatifs. Sur le fluvial, nous n’avons pas de problèmes d’infrastructures majeurs. Nous avons suspendu le service NCS (Nord Container Service) entre Dunkerque et Lille. Mais cet arrêt est provisoire, nous pouvons réactiver le dossier rapidement.

Sur le ferroviaire, nous sommes attentifs aux décisions de RFF sur la “grande artère nord/est” qui dessert l’est de la France depuis notre port. Il faut prévenir la congestion et des nœuds entre le développement du trafic voyageur et les exigences du trafic fret. Pour cela, nous devons être en accord avec RFF et la Région pour sensibiliser les décideurs sur la politique de transfert modal préconisée par le Grenelle de l’environnement.

Enfin, sur la route, nous étudions à éviter le goulet d’étranglement du rond-point de Loon Plage. À l’arrivée des rouliers, les camions peuvent parfois attendre 25 minutes pour effectuer le trajet entre le navire et l’A16 alors que la distance est d’à peine quelques kilomètres. Enfin, nous réfléchissons à une route qui permette d’accéder à la zone logistique par l’est.

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