L’équipage du Ponant libéré sain et sauf

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Les 30 membres de l’équipage du Ponant, dont 22 Français, ont été transférés sur le porte-hélicoptères Jeanne-d’Arc jusqu’à Djibouti, d’où ils ont été rapatriés par un avion militaire. Arrivés à Paris le 14 avril, ils ont déjà été interrogés par la gendarmerie dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet pour « détournement de navire, arrestation et séquestration en bande organisée avec remise de rançon ». Selon l’Agence France Presse, cette rançon aurait totalisé environ 2 M$ (1,3 M€). Elle a été versée par l’armateur du Ponant, la Compagnie des îles du Ponant, filiale du groupe CMA CGM. La remise a eu lieu en mer. Le trois-mâts a été pris en charge par la Marine nationale jusqu’à Djibouti. Une équipe de la police scientifique doit en effet procéder à une expertise à bord.

Des informations plus précises sur le détournement ont commencé à filtrer. Ainsi selon l’état-major de la Marine nationale, après la prise du Ponant dans le golfe d’Aden, les pirates ont suivi une route d’environ 850 km pour aller mouiller devant le village somalien de Garacad le 6 avril dans la soirée. En outre, d’après les diverses déclarations du commandant du Ponant, Patrick Marchesseau, 20 à 30 pirates avaient ouvert le feu en mer tandis que l’équipage tentait de repousser sans succès leurs embarcations rapides avec des lances à incendie. Ensuite, « on a pris une décision de repli. L’équipage était en danger et on n’a pas voulu prendre de risques, on n’avait pas le choix ». Patrick Marchesseau est quand même parvenu à établir un système de communication avec l’extérieur à l’insu des pirates. D’après d’autres témoignages, ceux-ci ont pillé le navire et provoqué quelques dégâts. Mais, l’équipage a été bien traité.

D’autre part, six pirates ont été capturés à terre en territoire somalien par des commandos Marine, qui ont également récupéré la moitié de la rançon. Cette opération s’est déroulée en accord avec les autorités somaliennes, une heure après la mise en sécurité des otages à bord de la frégate française antiaérienne Jean-Bart.

Le 11 avril, l’amiral Édouard Guillaud, chef de l’état-major particulier du président de la République, et le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des Armées, ont tenu une conférence de presse au palais de l’Élysée à Paris. Selon eux, les otages ont été relâchés après une négociation par radio entre les pirates et l’armateur, par l’entremise des techniciens du GIGN. De plus, « il n’y a eu aucun argent public versé dans cette affaire ». Les six pirates prisonniers ont été embarqués sur le Jean-Bart jusqu’à Djibouti et transférés en France par avion militaire, après accord du président somalien Abdoulahi Youssouf. Arrivés à Paris le 16 avril, ils ont été mis en garde à vue, qui devrait déboucher sur leur mise en examen et leur mise en détention provisoire. Ils devraient passer en cour d’assises et risquent la prison à perpétuité. Ce sera le premier procès pour ce type de faits en France. De source judiciaire, il faudra établir si les prévenus ont effectivement participé à l’assaut et vérifier leur état civil, qui semble difficile à établir. En outre, certains seraient mineurs, nécessitant un traitement judiciaire différencié. Tous seraient d’anciens pêcheurs reconvertis dans la piraterie, cas de figure courant en Somalie en proie à la guerre civile depuis 1991.

Enfin le 12 avril, le Premier ministre François Fillon, en visite officielle au Japon, a souhaité la création d’une force internationale sous mandat de l’ONU pour lutter contre la piraterie. « Nous ne pouvons pas nous résoudre à revenir à des temps anciens, où le droit international ne s’applique pas sur une partie des océans. »

Mobiliser la communauté internationale contre la piraterie maritime

Dès la libération des otages et au cours d’une conférence de presse, Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président de la République, a présenté trois idées qui seront soumises au Conseil de sécurité des Nations unies:

• les États, incapables d’assurer la sécurité de leurs eaux territoriales, devraient accepter « sur une base volontaire » de les ouvrir à toute opération de libération d’otages détenus par des pirates;

• les États, qui en ont les moyens, devraient se porter volontaires pour participer à des patrouilles maritimes dans les zones à risques;

• les autres États, confrontés épisodiquement à des actes de piraterie, devraient se déclarer « volontaires par avance pour laisser s’opérer des actions de lutte contre la piraterie », afin de ne pas perdre de temps en discussions en cas d’urgence.

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