Un jour discutant avec un plaisancier du Vieux-Port, il décide de lui racheter le logiciel sur Excell créé pour l’exploitation technique de son bateau. C’est le déclic attendu. Emeric Pezin n’est pas informaticien; il fera donc développer un système d’aide à la gestion de flotte par des professionnels.
Opérations techniques de maintenance et de prévention, commandes de pièces, maîtrise des coûts et des risques, vérifications des normes et du matériel de sécurité, toutes les procédures sont répertoriées et peuvent tourner sur un simple ordinateur portable. Après une étude approfondie de marché, le fondateur de DocSea va prospecter les marins pêcheurs de Concarneau. La prise sera bonne. Entre les lourds systèmes norvégiens ou anglais plutôt adaptés pour gérer les porte-avions et l’empirisme de la règle, du papier et du crayon, la solution marseillaise séduit les thoniers. Quelques mois plus tard, rebelote avec les Douanes et les Affaires Maritimes qui décident eux aussi de s’équiper du logiciel.
Un management de flotte sur mesure
Forte de ses premiers succès et après quelques ventes ponctuelles à l’étranger (Arabie Saoudite, Yémen), la société décide en 2006 de mettre résolument le cap sur le marché mondial. Le logiciel va évoluer vers une solution totalement intégrée et innovante: le FIMS (Fleet Information Management System) qui tourne sur une technologie Java Web avec des outils Open source. Résultat, l’interface utilisateur « simple et conviviale » reprend l’environnement familier d’internet. Il connecte d’ailleurs en réseau la mer et la terre.
Présentés par son dirigeant, les atouts du programme informatique de Docsea sont nombreux. Le premier est qu’il s’adapte sur mesure au profil du bateau ou de la flotte. Côté technique, il peut réduire le taux de panne (MTBF-Mean Time between failure) et par la même occasion les immobilisations du navire et son budget réparation. Il offre également un gain de temps sur le traitement des demandes d’achats de pièces. Il permet une mise à jour par téléchargement en temps réel des documents administratifs. Il automatise le suivi des procédures: contrôle continu des visites obligatoires, mise à jour des normes internationales de sécurité imposées par les affréteurs, pavillons ou zones de navigation…
Docsea vire à l’export
Alors qu’il parachève son développement, Emeric Pezin fait appel à des investisseurs pour s’attaquer aux mers du globe. OTC Asset Management et Sopromec, deux fonds d’investissement basés à Paris, montent sur la passerelle. Ils apportent 600 000 € pour financer l’effort à l’export en prenant 40 % des parts de l’affaire (le reste est détenu par le fondateur et l’encadrement de la société).
DocSea lancera son nouveau package de logiciels dédiés à la gestion globale de flotte de navires lors du prochain Salon Posidonia qui se tiendra à Athènes du 3 au 6 juin 2008. Puis suivront les salons de Dubaï et de Singapour, en octobre et décembre avec le soutien d’Ubifrance, le bras armé du commerce extérieur.
Emeric Pezin annonce que son effort de « R&D et Marketing » représentera plus de 20 % du son activité des trois prochaines années. Au terme de cette course, il espère que DocSea figurera sur le podium des leaders mondiaux du secteur. Sur cette route, il a déjà su convaincre le groupe Bourbon, l’armateur Marfret, le suisse Greenmar, la Comex ou France Télécom Marine. Le spinnaker est hissé. La TPE de quatre personnes (250 000 € de CA en 2007) veut démarcher les gros armements comme MSC ou CMA CGM. Dans son développement vent debout, elle a déjà prévu d’embaucher pour cette année cinq personnes (programmeurs, commerciaux export, ingénieur Marine).