C’est en 2004 que les autorités américaines annonçaient leur volonté de renforcer la sécurisation de leur marché domestique. Bref, aller bien au-delà du code ISPS mis en place peu après les attentats du 11 septembre 2001. Pour ce faire, les Américains ont avancé l’idée de faire scanner tous les conteneurs qui auraient pour destination leur territoire. « Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’un simple effet d’annonce, mais d’une réalité qu’ils veulent concrétiser à l’horizon 2012. Avec la mondialisation des échanges, les autorités craignent des risques d’attaque terroriste sur leur propre territoire. On connaissait la sécurisation des flux d’information, aujourd’hui on passe à la sécurisation des marchandises et tous les acteurs de la chaîne sont concernés. »
HR1, tel est le nom du projet, va bien au-delà du simple ciblage des conteneurs « à risque » qui est actuellement pratiqué par les douaniers américains dans les ports étrangers. Pour Yann Alix, de nombreuses inconnues demeurent sur le système voulu par les Américains. « Qui va payer par exemple? Pour certains professionnels, il est évident que HR1 aurait des conséquences sur le coût de transport de la marchandise et, au final, sur le prix à payer par le consommateur lui-même… »
Sur le port du Havre, près de 120 000 EVP par an partent vers les États-Unis. On imagine le travail qui consisterait à tous les scanner. « Il existe d’ores et déjà un flux gigantesque. Il s’agit du flux de marchandises de la Chine vers les États-Unis. Par an, une boîte sur deux sort de Chine pour les États-Unis. Cela représente neuf millions de conteneurs et douze millions dans un futur proche. » Yann Alix rappelle également que des pays comme le Brésil ou encore le Nigeria sont, et seront, également des partenaires incontournables. Il rappelle, qu’à l’heure actuelle, il existe 1 250 scanners dans le monde dont 300 aux États-Unis. L’enjeu est donc également économique. Trois constructeurs se partagent le marché: un aux États-Unis, un second en Asie et le dernier en Europe. « Les opérateurs publics ont près de 95 % du marché. D’içi 2012, le privé devrait se développer, car le scanner est une opportunité commerciale. Il va falloir renouveler un parc, mais aussi former du personnel. » Pour scanner un grand nombre de conteneurs, les solutions technologiques existent comme l’autoroute pré-scannerisée qui consiste à scanner le chargement d’un poids lourd roulant à une vitesse de 17 km/h. « En Chine, on scanne déjà des convois ferroviaires. » Aujourd’hui, l’OMD essaye donc de sonder les impacts qu’aurait une telle mesure. D’ores et déjà, de grands ports asiatiques comme Singapour ou Hong Kong se sont clairement prononcés contre le projet HR1.