Les comptes du dernier exercice 2007 font apparaître un chiffre d’affaires consolidé de 382,7 M€, soit 0,9 % de mieux. En revanche, affichant une progression de 14 M€, le résultat net consolidé atteint 37 M€. « Un résultat historique jamais atteint par la compagnie » aux dires mêmes de la direction qui l’explique ainsi: « La combinaison d’une hausse de l’activité fret et de gros efforts de productivité ont compensé la baisse de l’activité passagers sur les trafics transmanche. »
Ce très net accroissement de la rentabilité est notamment dû à une politique systématique de « chasse au gaspillage » mise en œuvre par la direction. L’impact de la flambée du baril de brut sur le coût des soutes a ainsi amené une gestion plus fine de la vitesse des sept navires de la flotte. Avec des résultats positifs puisque la facture énergétique est inférieure de 400 000 € à celle de l’exercice précédent. Dans le même ordre d’idées, une analyse affinée de la gestion de la Serestel (filiale qui gère le personnel hôtelier) a permis d’économiser 3 M€. Et c’est dans le droit fil de cette philosophie que l’armement négocie actuellement avec les syndicats le plan Horizon 2010 qui demande aux navigants d’augmenter leur temps de travail à bord d’une semaine et de revoir leurs dates de vacances estivales.
Car, face à ces excellents résultats financiers dont elle se félicite, la compagnie bretonne reste préoccupée par le marché du tourisme. « Le transport, les prestations aux passagers et les ventes à bord représentent 75 % du chiffre d’affaires », rappelle la direction. « En avançant 2 659 936 passagers et 773 556 véhicules de tourisme, nous souffrons globalement du choix des Britanniques pour d’autres destinations et de la concurrence du low-cost aérien. » Rien de nouveau dans ces arguments qui contraignent quand même Brittany Ferries à rendre plus attractifs ses coûts de traversée… mais sans baisser la qualité de ses prestations!
Plaidant avec ardeur pour un salaire sans charges (2 024 navigants en haute saison), la compagnie fait également valoir que, tous modes de transport confondus, elle est à l’origine de 15 % des nuitées enregistrées en France, y compris à Paris et dans le Languedoc.
Pêchant par manque de capacités, l’armement n’a pas pu profiter à plein du dynamisme de l’activité fret (23 % de son CA avec 235 325 camions et véhicules fret). Ce n’est que partie remise espère la compagnie avec l’arrivée fin 2007 du fréteur pur Cotentin. Rien en revanche ne vient conforter l’idée d’un second Mont-Saint-Michel sur Caen. « La réflexion est toujours en cours, explique Jean-Marc Roué, mais cet éventuel futur navire ne pourrait être financièrement viable qu’à travers un ferry mixte fret-passagers. »
Tout va bien en revanche pour le futur Armorique, dont la première tôle vient d’être posée aux chantiers Aker Yards d’Helsinki. Ce ferry de 165 m de long, 1 500 passagers et 65 camions devrait être opérationnel à Roscoff pour 2009.