Les statistiques officielles de 2007 ne sont pas encore publiées. Mais selon les chiffres provisoires de l’Autorité portuaire, 2 847 escales ont été enregistrées, soit une baisse de 4 % en un an. Les trafics ont atteint 2 163 111 passagers (− 2,90 %), 648 064 voitures (− 2,34 %) et 268 523 unités de fret (− 0,5 %). « Toutefois le marché du fret existe », a déclaré le directeur du port Martin Putman au Journal de la marine marchande le 15 février, « si davantage de navires viennent, le volume de fret augmentera ».
En 2000, période faste, Portsmouth a traité 353 000 unités de fret, 3,24 millions de passagers et plus d’un million de voitures! L’abandon de la route Portsmouth/Le Havre par P&O Ferries en 2005 n’a pas encore été compensé par l’arrivée, en octobre de la même année, de LD Lines avec le Norman-Spirit. « Il faudrait un deuxième navire, explique Martin Putman, l’an dernier, la Celtic Line voulait exploiter le Celtic-Mist, qui n’était pas conforme à la réglementation et ne pouvait donc pas appareiller de Portsmouth. Nous tentons de convaincre la Celtic Line et d’autres armements de venir. Il faut du temps pour démarrer et il est toujours difficile de commencer à partir de rien. »
La plupart des navires de fret sont des rouliers, dont les camions arrivent pleins et repartent presque vides. Ainsi, le trafic de 2006 a totalisé 1 383 871 t, dont 1 160 441 t à l’import et 223 430 t à l’export. Les entrées comprennent surtout des fruits (54,40 %), des graviers (28,8 %), des marchandises générales (13,06 %), des matériaux de construction (2,62 %), des bois sciés (0,70 %), des fers et aciers (0,31 %), des fertilisants (0,03 %) et des véhicules (0,01 %). Portsmouth importe environ 70 % des bananes consommées au Royaume-Uni. Les débouchés du port sont les îles anglo-normandes (9 %), le cabotage (29 %) et surtout les pays étrangers (62 %), répartis entre les Antilles (53 %), l’Amérique centrale (25 %), l’Afrique de l’Ouest (15 %), l’Afrique du Nord (6 %) et la Nouvelle-Zélande (1 %).
Quatre armements se partagent le trafic transmanche: Condor Ferries, Brittany Ferries, P&O Ferries et LD Lines. Condor Ferries assure tous les jours sur les îles anglo-normande un service rapide (environ 40 nœuds) pour les passagers et un autre sur un navire conventionnel pour les camions. Un départ pour Saint-Malo a lieu chaque vendredi. En août et septembre, un autre est prévu chaque dimanche sur Cherbourg, surtout pour les vacanciers avec des caravanes. Brittany Ferries dessert Caen, Cherbourg et Saint-Malo. La ligne Portsmouth/Caen a beaucoup de succès car les passagers peuvent au choix voyager de nuit, ou réduire la traversée à 3 heures sur le navire rapide Normandy-Express. P&O Ferries a récupéré la liaison Portsmouth/Bilbao, assurée par l’armement espagnol AT Ferries de mai 2006 à janvier 2007. Les touristes désireux de se rendre en Espagne ou au Portugal profitent d’un départ tous les trois jours. Les chauffeurs de camion embarquant le samedi soir à Bilbao n’ont pas à traverser la France et peuvent livrer le lundi matin leurs produits frais aux marchés britanniques. LD Lines, filiale de Louis-Dreyfus Armateurs, a réalisé un trafic de 293 729 passagers entre Portsmouth et Le Havre en 2007, soit une hausse de 11 % en un an. Le confort est plus spartiate que chez les concurrents mais les prix compétitifs conviennent aux Britanniques qui se rendent souvent dans leurs propriétés de l’ouest de la France.
Environ 90 % des passagers du transmanche sont Britanniques. Ceux souhaitant se rendre en Belgique, aux Pays-Bas, en Scandinavie ou sur la Baltique, choisiront de préférence le port de Hull sur la côte est. En revanche, Portsmouth est plus proche de Londres que Douvres. Le port dispose d’une bretelle d’accès à l’autoroute A3 et le trajet sera encore réduit, une fois achevé la construction d’un tunnel à mi-chemin. Mais, il souffre également des concurrences d’Eurotunnel et des compagnies aériennes à bas coût. Cependant, comme le souligne Martin Putman, « le ferry est plus commode pour les voyages familiaux en voiture. Quant aux low costs, le billet est certes bon marché, mais il faut prendre en compte les attentes en tous genres et les taxes d’aéroport! » Pour les camions, le transfert par ferries permet aux entreprises d’économiser des kilomètres et aux chauffeurs de se reposer une nuit en mer. Des inspecteurs vérifient en effet le nombre d’heures de conduite, certains chauffeurs roulant parfois 10 heures d’affilée. Le gouvernement a par ailleurs, décidé en 2007, de réduire le nombre de véhicules surchargés ou sous normes, cause de nombreux accidents de la route. Concernant les immigrés clandestins, Portsmouth ne constitue guère une destination de choix, en raison de la durée de la traversée, 6 heures en moyenne. Les opérateurs font de leur mieux pour les détecter, sans compter le passage des camions au scanner des Douanes. « Quiconque tentant de sortir d’une remorque sera repéré par les caméras omniprésentes », indique Martin Putman.
Le port de Portsmouth développe sa capacité. Il investit 1 M£ (1,32 M€) dans un nouveau couloir à passagers au poste à quai 3, une remise en état des postes 3 et 4 (escalators et aménagement intérieur) et une réorganisation des opérations en fonction de la marée et des besoins des navires. En outre, un service ferroviaire sur Widness (nord-ouest de l’Angleterre) est envisagé pour le fret. Enfin, un nouveau terminal à passagers, encore à l’étude, devrait être ouvert fin 2010.