« Encore une année étourdissante pour le monde maritime, la cinquième consécutive qui a défié les prévisions les plus optimistes », commence le rapport du courtier parisien BRS. Les vracs secs et le pétrole ont pulvérisé des records. Une santé que le courtier qualifie « d’insolente ». Cette santé « a emporté notre industrie dans une euphorie au point où il est devenu légitime de se demander si certains armateurs n’ont pas égaré leur boussole ».
Dans son introduction, BRS met en exergue le chiffre record des carnets de commandes: 530 Mtpl dont la moitié pour les vraquiers. Des commandes qui représentent cinq fois le chiffre de celui de l’an 2000. Outre ce niveau exceptionnel des commandes, le courtier met en lumière un phénomène nouveau: la multiplication des transformations de navires citernes à simple coque en vraquiers. Un mouvement qui s’est amplifié au cours des mois passés. « En cette fin d’année, on compte une cinquantaine de VLCC en passe de retrouver une seconde vie dans le vrac au cours des 18 prochains mois. » Si ces transformations peuvent avoir un effet bénéfique sur la flotte pétrolière, BRS s’interroge sur les effets sur celle des vraquiers. Cette arrivée de navires transformés, ajoutée aux commandes nouvelles, peut entraîner un déséquilibre grave. « Sans évoquer ici les problèmes structurels de coque qui pourraient naître de ces transformations, on peut néanmoins se demander si ce mouvement est bien raisonnable compte tenu du carnet de commande connu à ce jour. ». De plus, le niveau des démolitions pourrait aussi revenir à des niveaux antérieurs avec le ferraillage de 600 à 700 navires par an.
Autre contexte à prendre en compte, la crise bancaire survenue aux États-Unis. Celle-ci pourrait avoir des effets bénéfiques pour le maritime. Les banques pourraient devenir plus sélectives sur les commandes limitant ainsi le « gonflement d’une bulle de commande spéculative ». Alors, pour le courtier, l’alarmisme n’est pas de rigueur, le marché pouvant autoréguler ses excès. « Même si une grande volatilité est à prévoir au cours des prochains mois, notre industrie a les moyens de trouver un second souffle, si ce n’est une seconde vie pour la décennie à venir », conclut BRS.