Le conflit avait débuté le 27 février. Après dix jours de non-dialogue, la négociation avait repris le 9 mars. Sur proposition du CHSCT, la direction avait accepté les principales modifications de conditions de travail demandées par les officiers: la possibilité d’embarquer trois jours consécutifs au lieu du rythme 48 h/48 h prévu par l’accord d’armement, et le retrait de la clause de proximité, c’est-à-dire l’obligation d’habiter à moins de 200 km de Calais. Cinq jours plus tard, Gérard Jachet, directeur des opérations et bras droit du président du directoire Eudes Riblier, et le commandant Charles Boutry, parvenaient à un accord. Les seconds capitaines, seconds mécaniciens et lieutenants sont augmentés de 100 € par mois, moyennant un effort de productivité. Celui-ci consiste en la suppression de journées de réunions, qui libèrent 3,5 jours par officier et par an pour naviguer.
Le plus important est peut-être la clause de « revoyure ». Les parties doivent convenir d’un agenda de rencontres spécifiques entre l’intersyndicale et la direction de SeaFrance. Les officiers veulent que soit reconnue leur spécificité dans le dialogue social, qu’ils ressentent limité à une forte relation entre la direction et le syndicat majoritaire chez les marins, la CFDT. Ils maintiennent que leurs salaires se situent au-dessous du marché, et que SeaFrance n’intéresse plus les jeunes. Ce que conteste Eudes Riblier. Sur le plan financier, le président n’a pratiquement rien lâché.
À raison de 300 000 € de manque à gagner par jour de grève, le conflit aura coûté de l’ordre de 5 M€ à la compagnie. Reste encore à vérifier le degré de rancune, ou de fidélité des clients.