« Nous sommes à cinq semaines de l’annonce par François Fillon du plan de relance portuaire. Une période pendant laquelle nous avons mené les premières concertations qui se sont montrées de bonne qualité », a commencé le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau. La période écoulée devait permettre aux directeurs généraux des ports autonomes de dresser une photographie de leur établissement. Chacun a remis, le 15 février, son rapport. « De ces rapports, nous pouvons déjà tirer un certain nombre d’enseignements. » Parallèlement, les conseils d’administration des ports se sont réunis pour exposer leur point de vue. « Les débats qui ont eu lieu pendant les conseils d’administration ont largement délibéré sur le projet de plan de relance. Beaucoup de travail a été fourni. Il ressort que ce plan doit être mis en œuvre », a indiqué Michel Quimbert, président de l’Upaccim et du Port autonome de Nantes. Et pour accompagner ce chantier portuaire, Dominique Bussereau a rendu visite dans les ports du Havre, Marseille, Nantes et La Rochelle. Les ports de Dunkerque, Bordeaux et Rouen ont été reçus au ministère, rue du Bac.
À l’issue de la table ronde organisée à Paris, le secrétaire d’État a tenu une conférence de presse. Il y a expliqué que « l’ensemble des acteurs s’accorde sur la nécessité d’engager un plan de relance global afin de remettre les ports français au niveau de leurs concurrents européens, au bénéfice de l’économie, de l’emploi et de l’environnement ». Dominique Bussereau a souligné que le modèle en place dans les ports d’Europe continentale fait consensus: une autorité portuaire publique recentrée sur ses missions régaliennes de gestion du domaine public et de développement des infrastructures, de promotion de l’ensemble de la place portuaire avec un rôle renforcé dans la gestion des interfaces avec le transport ferroviaire et fluvial.
La gouvernance a été largement abordée. Faisant référence aux rapports de Claude Gressier et de la Cour des Comptes en 2006, Dominique Bussereau a rappelé qu’il souhaitait que soit faite une distinction entre les instances de décision et celles de concertation. Dans les premières, « la prééminence de l’État sera réaffirmée et la place des collectivités locales renforcée ». Un point que la FNPD CGT (Fédération nationale des Ports et Docks de la CGT) a retenu. « Le domaine public maritime sera maintenu et renforcé dans sa vocation maritime », indique un communiqué de l’organisation syndicale.
L’autre point important de ce plan concerne l’amélioration de la performance de la manutention. Une tâche qui passe, selon le gouvernement, par « l’autorité réelle et permanente des gestionnaires de terminaux. » Les débats tenus au plan local et national ont démontré la grande diversité de situations qui règnent selon les ports. « Il faudra faire du sur mesure, de la haute couture », a continué le secrétaire d’État qui refuse de voir la « méthode du grand soir s’appliquer, mais plutôt celle des matins calmes ». Selon le gouvernement, la discussion est possible, mais le principe d’une unicité de commandement ne peut pas être remis en cause. La question du rapprochement des conventions collectives entre celle de la manutention et celle des personnels des ports autonomes a été évoquée. « Nous devons étudier les modalités de ce rapprochement », a souligné Dominique Bussereau qui reconnaît que des désaccords subsistent entre les organisations syndicales et patronales.
Dominique Bussereau a demandé que le dialogue continue, notamment sur l’organisation du travail. Une position que la FNPD CGT semble accepter. « La volonté politique est de laisser les acteurs portuaires définir eux-mêmes les solutions les plus adaptées plutôt que de trancher par une loi qui risque d’être inadaptée et farouchement contestée », a déclaré le syndicat majoritaire parmi les personnels grutiers et de maintenance. Elle souhaite que cette volonté soit réelle. « La Fédération va très vite contrôler auprès de l’Unim et de l’Upaccim la volonté de négocier afin que ceci ne soit pas qu’un leurre ou un gain de temps inutile. »
Le calendrier prévoit que le projet de loi sera déposé au printemps à l’Assemblée nationale. Entre-temps, les négociations doivent continuer « pour tirer les conclusions de ce que nous devons mettre dans la loi », a insisté Dominique Bussereau. La FNPD CGT avait déposé un préavis de grève pour montrer sa mobilisation face à ce projet. « Même si le préavis national n’est pas levé, nous n’appelons pas à l’action dans les ports dans l’immédiat », explique la FNPD CGT. Le syndicat souhaite analyser collectivement les différentes propositions du gouvernement avant de se prononcer aux alentours du 28 février.
Après ce premier rendez-vous, il apparaît que le plan de modernisation maintient le cap. Les négociations continuent. À la sortie de la table ronde, un des participants a souligné son importance. « Si ce plan échoue, nous risquons de subir une réforme plus dure. »