Alerte du DNV: doublement de la fréquence des accidents

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« En l’espace de cinq ans, nos statistiques montrent qu’aujourd’hui un navire a deux fois plus de “chances” d’être impliqué dans un échouement massif, dans un abordage ou dans un accident de contact » a expliqué le 20 février dernier Torkel Soma, responsable de la sécurité maritime au DNV lors d’un séminaire tenu à Singapour. « Selon nos estimations, les coûts de réparation résultant de ces accidents ont également doublé en cinq ans. Compte tenu du fait que cette tendance est générale dans la flotte mondiale, l’industrie maritime a besoin de réagir immédiatement », ajoute-t-il.

La forte demande de navires s’est traduite par une pression sur les équipages. Le manque d’officiers a entraîné une plus faible stabilité du personnel et une promotion plus rapide. En conséquence, le niveau général d’expérience a diminué à bord. Dans le même temps, les nouvelles technologies ont été installées à bord qui peuvent avoir augmenté le niveau de complexité de l’exploitation. « Une technologie sûre et conforme aux manuels ne constitue pas une assurance contre les erreurs. Abordage, échouement et contact impliquent dans l’immense majorité des cas, une composante humaine », poursuit Torkel Soma.

« Outre une baisse du niveau d’expérience résultant du manque de navigants, l’autre principal facteur accidentogène est la pression commerciale s’exerçant sur l’équipage. Elle se traduit par une charge de travail élevée », continue Helge Kjeøy, directeur régional du DNV pour le Sud-Est asiatique. « L’ajout de nouveaux équipements encore plus complexes n’arrange pas la situation. Dans ces conditions, la prévention des accidents requiert une solide culture de la sécurité; un domaine sur lequel l’industrie maritime doit encore plus se concentrer » poursuit-il.

L’expérience des grandes compagnies indique que les efforts doivent plus porter sur les facteurs humains et organisationnels, depuis la direction générale jusqu’à l’officier de passerelle. « Une approche structurée combinant des données comportementales et culturelles a permis de réduire la fréquence des accidents. Pour que l’industrie retrouve son bon niveau de sécurité, la “résilience opérationnelle” doit être analysée sur une plus grande échelle par toutes les parties concernées », conclut Torkel Soma

Souci en perspective pour les États côtiers?

En attendant le retour à une meilleure fortune, les constations du DNV convergeant avec celles de bon nombre de P & I Club signifient-elles que les États côtiers vont devoir doubler leurs moyens nautiques, aériens et humains pour faire face à une situation qui échappe grandement à leurs responsabilités? Auquel cas va se poser, très probablement, la question du financement de ces nouveaux moyens et de « l’équité » de ces financements. En effet, la France et la Grande-Bretagne, par exemple, ne sont pas précisément les États qui retirent du transport maritime les plus grands bénéfices économiques par rapport à la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne du point de vue portuaire, puis logistique; l’Allemagne étant par ailleurs, le premier pays propriétaire de navires. Il est cependant tentant de faire supporter à ces États, une partie des coûts des hélicoptères, des équipages, des affrètements de remorqueurs, etc. payés par les contribuables des États disposant d’un littoral exposé aux conséquences fâcheuses d’un échouement, d’un abordage ou d’un contact. La Commission européenne souhaite mettre en place un nouveau concept d’espace communautaire maritime du transport maritime. Très bien. Tout navire entrant dans ce possible futur espace peut être détecté par son signal AIS avec sa destination finale. Il semble alors possible de prévoir la route qu’il empruntera et la « probabilité » qu’il ait recours, par exemple, à un remorqueur de haute mer prépositionné. Un « droit » d’accès au service pourrait être perçu dans le port de destination, pour peu qu’il soit situé dans l’UE, afin d’alimenter un fonds spécial européen d’assistance en mer. Voilà de quoi bien commencer une présidence française de l’Union européenne!

Le « problème » des navires ne faisant que transiter dans les eaux « communautaires » reste entier, mais ils sont probablement minoritaires.

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