Cette qualification marque un tournant sans précédent dans le métier de docker et une évolution singulière dans le monde portuaire. Il y a trois ans, une loi renforçait la formation continue de tous les salariés. À l’époque, la profession de dockers – avec d’un côté les organisations syndicales et de l’autre la représentation patronale – profitait de l’opportunité pour signer un accord de branche en matière de formation. L’année suivante, en 2006, les certifications de qualification professionnelle (CQP) sont mises en œuvre. Cela passe par une définition exacte des métiers, la création d’un référentiel de formation, ainsi que la mise en œuvre de formation dans chaque port avec un jury paritaire composé de dockers en exercice et de représentants des entreprises de la manutention, le tout sous l’égide d’un délégué de la Commission paritaire nationale pour l’emploi. Au Havre, il s’agit de Jacky Vernanchet, l’ancien patron de Dockers de Normandie. C’est ce jury-là qui délivre les certifications inscrites au registre national des CQP. Pour les décrocher, quel que soit le niveau, deux méthodes existent. La formation pour les jeunes qui rejoignent la profession ou la valorisation des acquis d’expérience (VAE) pour les dockers en exercice comme à Nantes/Saint-Nazaire. À ce jour, ils sont environ 3 600 dockers en exercice dans les ports français. Les 21 Havrais qui entrent dans le métier avec le premier niveau de la CQP ont dû passer un examen se déroulant sur six jours de formation et une journée d’évaluation. D’ici la fin de cette année, 150 jeunes dockers du Havre auront passé l’épreuve. Avant un contrat à durée indéterminée, ils bénéficieront tous d’un contrat à durée déterminée dit « d’usage constant ». Au cours des prochaines années, les quelque 2 000 dockers auront tous une CQP adaptée à chaque salarié, du niveau 1 à celui de formateur ou de chef manutentionnaire.
Leurs avis
Pour Michel Catelain, le secrétaire adjoint du syndicat CGT des dockers du Havre, cette formation correspond à « l’évolution du métier ». « Avant, la formation se faisait sur le tas, par parrainage. Désormais, on forme tous les ouvriers. Nous donnons une image qualitative au métier, ainsi qu’une garantie de qualités professionnelles en progression. ». Autre intérêt selon le responsable syndical, la CQP, sorte de diplôme officiel, permettra à un docker de faire-valoir ses aptitudes professionnelles dans n’importe quel port.
Jacky Vernanchet, quant à lui, remarque que les entreprises havraises font un effort important en matière de formation: jusqu’à 3,5 à 4 % de la masse salariale contre une exigence obligatoire de 1,6 %.
Christian de Tinguy, le directeur général du groupe Perrigault et président du Groupement d’employeur de main-d’œuvre au Havre, l’organisme local qui coordonne la nouvelle certification au Havre, souligne pour sa part: « Ces certifications marquent une étape importante de la modernisation de la manutention portuaire. »