Des chefs de quart passerelle, vite

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C’est à Marseille, dès septembre prochain que sera ouverte à titre expérimental, une classe de 32 élèves recrutés au niveau bac scientifique avec, de préférence, un bon niveau d’anglais: 900 heures de cours environ durant la 1re année; 450 heures durant la seconde et « hop! hop! hop! à la mer » avec la quasi certitude de trouver un emploi à la sortie avec un « simple » brevet de chef de quart passerelle.

Cette annonce « forte » a été faite dans le cadre d’une assez surréaliste « table ronde sur l’enseignement maritime supérieur ». qui fut ouverte par Dominique Bussereau, le 31 janvier à Paris, devant près de 200 participants.

Après un rappel général des actions mises en œuvre durant les dernières années pour soutenir le transport maritime français, le secrétaire d’État demandait aux employeurs, aux syndicats et à son administration de lui faire des propositions pour que soient prises dans les « prochaines semaines des décisions très concrètes et précises ».

Je vous ai compris

Directeur des affaires maritimes depuis cinq ans, Michel Aymeric avait la charge de synthétiser les réflexions afin d’établir le relevé de conclusions destiné au secrétaire d’État aux transports. Il soulignait donc que la classe expérimentale (déjà décidée) de chef de quart passerelle ne devait pas entraîner de remise en cause de la filière A, celle de la polyvalence. Un sujet délicat reposant en grande partie sur la politique de gestion des ressources humaines plus ou moins mise en œuvre par les compagnies, a souligné Paul Bedel, inspecteur général de l’enseignement maritime.

Les formations devaient conserver un tronc commun solide et simple à comprendre, retenait Michel Aymeric. Celui notait également la nécessité de mieux connaître les besoins des armateurs; d’où l’utilité de lancer un contrat d’études prospectives (CEP) au commerce, comme cela a été fait à la pêche, il y a quelques années. Ce CEP pourrait déboucher sur un observatoire des formations et des métiers.

Il n’est jamais trop tard pour mettre en place ce qui avait été annoncé en juillet 2002 par l’entreprenant Christian Serradji, alors directeur des gens de mer et des Affaires maritimes. Ce dernier posait des questions qui ne semblaient susciter un écho tout relatif: quels seront les emplois de demain? quels marins voulons-nous pour demain? dans quelles écoles les formerons-nous?

L’attractivité (du métier d’officier) « ne se décrète pas », a souligné Michel Aymeric. Elle est notamment fonction de la notoriété du métier, du salaire, des conditions de vie; etc. « C’est un sujet qui concerne toutes les parties prenantes et non p as seulement l’administration ».

Le statut des écoles de marine marchande doit être au service des objectifs définis et être assez souple pour permettre des partenariats avec d’autres établissements d’enseignement supérieur et avec les armateurs désireux de financer certains équipements, observait le directeur des aff.mar. Celui-ci notait qu’une majorité de parties prenantes souhaitaient que l’État conserve la maîtrise de cet enseignement supérieur.

Un seul établissement national

Il reconnaissait enfin que les moyens financiers et humains avaient été « négligés ». L’État finance la totalité de la masse salariale des professeurs et vacataires; environ le tiers des coûts de fonctionnement et rien ou presque en investissements.

Pour 2009, il faut une augmentation forte des moyens, a conclu Michel Aymeric (qui ne prendra sa retraite qu’en 2016).

« Si nous voulons que notre enseignement maritime soit visible, adaptable, évoluant vers la recherche, permettant des partenariats protéiformes; si nous voulons […], nous n’avons pas le choix, nous avons besoin d’avoir une seule école, une école nationale dont le recrutement s’appuiera sur un dispositif de type banque de notes. Et nous avons besoin d’avoir au maximum deux établissements pour cette école. Je suis désolé de mettre les pieds dans le plat aussi fortement, mais cela me semble absolument indispensable si l’on veut avancer vite et fort avec des objectifs lisibles et pour nous, et pour le ministre, pour tous les enseignants et pour tous les élèves » s’est exclamé Eudes Riblier, président d’Armateurs de France.

À quelques semaines des élections municipales, ce sujet sensible depuis des années, l’est plus encore; d’autant qu’à la suite d’une incroyable bévue politico-administrative, le transfert des ENMM aux Régions se révèle finalement incompatible avec leur statut d’établissement d’enseignement supérieur.

La 5e année, toujours contestée

Même marchande, la marine entretient ses traditions: en avril 2006, lors d’un séminaire organisé au Havre, sur le devenir de l’officier et le RIF, un élève de 5e année demandait à quoi servait cette année, si ce n’est à perdre du temps et accessoirement de l’argent. Presque deux ans plus tard, deux « galopins » posaient la même question en présence des mêmes personnes: Michel Aymeric et le député UMP de Seine-Maritime Jean-Yves Besselat. D’ailleurs, l’inspecteur général de l’enseignement maritime rappelait que les « principales faiblesses » de la filière A, résidaient dans cette fameuse 5e année.

En coulisse, « on » explique que l’administration est parfaitement consciente des réalités, mais elle n’arrive pas à mettre les employeurs et les élèves d’accord sur le contenu de cette année. Alors, on attend un peu à la façon du président Queille.

M. N.

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