L’annonce du « plan de modernisation », expression que le secrétaire d’État préfère employer pour qualifier son projet, a suscité des réactions de la part des partenaires sociaux. Deux camps se dessinent avec d’un côté les partisans au rang desquels se retrouvent les manutentionnaires, les armateurs et les agents. Dans l’équipe adverse, les syndicats sont plus sceptiques.
Du côté des manutentionnaires, l’Unim « prend acte des annonces ». L’organisation voit dans le plan de relance des investissements publics un élément essentiel du projet. Dédiés aux infrastructures, ils sont le gage d’une participation des opérateurs privés. « Sans infrastructures le privé ne peut se lancer dans des projets de superstructure », explique Xavier Galbrun, délégué général de l’Unim. Même son de cloche auprès de l’Upaccim, organisation regroupant les ports, qui « se félicite de la décision prise par le gouvernement de lancer une réforme que les ports ont appelé de leurs vœux ». Cette organisation fait remarquer que le plan préserve la qualité des ports autonomes, « qui resteront des établissements publics » et que la domanialité publique demeurera. L’union des ports souligne que ce projet rapprochera le modèle français de celui de ses concurrents belges, néerlandais, espagnols ou italiens. Toujours dans le camp des partisans, les armateurs soutiennent ce projet. “Soucieux de voir les marchandises entrer sur notre territoire par les ports français, les armateurs attendaient que la politique maritime de la France soit complétée par une politique logistique cohérente”, indique Armateurs de France. Les agents maritimes et les consignataires, eux, souhaitent « apporter leur contribution active lors des phases de consultation ».
À l’inverse, les syndicats se montrent plus réticents. La FNPD CGT se montre inquiète. « Nous allons rencontrer Dominique Bussereau pour très vite mesurer s’il y a place pour la négociation ou si nous sommes en présence d’une tentative de coup de force contre les ports maritimes publics et les travailleurs portuaires. » Bien plus, la branche de la CGT demande l’ouverture d’un dialogue ou « nous allons vers un conflit majeur ». Le syndicat refuse tous les licenciements qui pourraient découler de ce plan. Il demande le respect des statuts sociaux et des conventions collectives et refuse l’intégration des personnels des établissements chez les opérateurs privés. La CNPTA (Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés) est plus tempérée. « À Dunkerque, nous avons déjà fait la réforme », indique Franck Gonsse, secrétaire général qui cite le cas du QPO avec Sea Invest. Le syndicat souhaite néanmoins que le gouvernement prenne le temps de la discussion et laisse une place plus grande aux aspects locaux.
La réforme en marche au Havre
C’est parti et le calendrier est plutôt chargé. Le président du Port autonome du Havre (PAH), Jean-Pierre Lecomte, l’a annoncé, les concertations locales menées sur la réforme des ports autonomes ont démarré au Havre depuis le 14 janvier. Ce sont les organisations syndicales (CFDT, ASIC, CGT marins, CGT et CGT officiers de port), les directeurs et chefs de service du PAH et les syndicats professionnels (Umep, Gemo) qui ont été conviés les premiers. Doivent suivre, parallèlement jusqu’à la fin du mois, des réunions avec les opérateurs représentant les secteurs de la manutention de conteneurs, les vracs, la réparation navale ou encore le transmanche. Le tour de table se poursuivra sur la première quinzaine de février. Jean-Pierre Lecomte et Jean-Marc Lacave, le directeur général, avaient reçu en début d’année leurs lettres de mission suite aux déclarations faites par le Premier ministre François Fillon sur la réforme des ports.
François Hauguel