Annoncé lors du déplacement du premier ministre à Marseille (voir p. 5), le plan de relance des ports autonomes a été exposé par Dominique Bussereau le 15 janvier. Le ministre ne parle pas de réforme, mais de modernisation des ports. « Le travail courageux de Jean-Yves Le Drian lors de la réforme de 1992 est resté partiel. Le constat actuel montre le manque de compétitivité de nos ports. Cela nous incite à nous engager dans un plan de modernisation », a indiqué Dominique Bussereau.
Ce plan de relance se présente sous quatre volets: le transfert de l’outillage public vers le privé avec un transfert des compétences humaines; le recentrage des ports sur leur mission régalienne; un plan d’investissement public; et une nouvelle gouvernance des ports. Le transfert des outillages n’est pas une « privatisation », comme certains l’ont commenté. Dans son discours, François Fillon, Premier ministre, a expliqué qu’il souhaite « privatiser ce qui reste de public dans la manutention ». Quant aux personnels grutiers, qui sont estimés selon certaines sources à 500 pour les seuls conducteurs d’engins (la maintenance et la hiérarchie intermédiaire dans la manutention publique regroupent plus de 1 500 personnes), ils seront transférés dans le privé, « en toute transparence et sans que personne ne reste sur les quais », a complété Dominique Bussereau. Second volet de ce projet, le recentrage des activités des ports autonomes sur leurs activités régaliennes. Leur rôle sera d’assurer les conditions d’accès nautiques, terrestres, la police et les questions de sécurité. Troisième aspect de ce plan, qui apparaît comme essentiel, il prévoit un plan de relance de l’investissement public pour accélérer les grands projets comme Fos 2 XL et 3 XL. Enfin, dernière partie de ce plan, la gouvernance des ports va être revue. Dominique Bussereau a appelé de ses vœux à une nouvelle structure pour gérer ces ports et relancer le rôle des collectivités territoriales. Cette modernisation de la gouvernance passe aussi par « une meilleure coordination et complémentarité entre les ports avec une mise en commun des tâches ».
Ces principes ne sont pas négociables a rappelé le secrétaire d’État. Les négociations qui s’ouvrent porteront sur les modalités d’application. Elles se feront à un niveau national avec les partenaires sociaux sur les modalités de ce transfert, et localement port par port.
Le même jour, Dominique Bussereau a reçu les syndicats et les représentants de la manutention. Ces derniers, par la voie de l’Unim, ont souligné leur satisfaction. Ils saluent notamment le plan de relance des investissements publics. « Il est essentiel que les ports investissent dans l’infrastructure pour que le privé puisse prendre à son compte les superstructures », a indiqué l’Unim qui se dit ravi de voir une refonte en profondeur d’un système portuaire atypique et peu performant. Du côté syndical, le projet « de réforme qui n’avoue pas son nom » est accueilli avec vigilance. La CGT FNPD demande une négociation avec des évolutions possibles sur les aspects sociaux et économiques. Le syndicat a notamment réaffirmé son « refus d’une intégration des personnels des établissements publics chez les opérateurs privés ». Elle s’inquiète aussi du manque de précision du plan d’investissement et de la nature de ce plan (investissement public, privé ou mixte).