Le développement de la fabrication de biocarburants a commencé au milieu des années quatre-vingt-dix. La première usine à produire du biodiesel, celle de Compiègne de la société Diester-Industrie a été mise en service dès 1993. Elle a été suivie deux ans plus tard de la plus importante unité française de production de biodiesel (marque Diester), celle de Grand-Couronne, jouxtant l’unité de trituration de graines oléagineuses de la société Saipol. Aujourd’hui, la Basse-Seine se prépare à occuper une position de premier plan pour les biocarburants, avec d’une part le doublement de l’usine de biodiesel de Grand-Couronne et d’autre part la mise en service cet été de la plus grande usine de production de bioéthanol à partir de blé, BENP-Lillebonne (Port-Jérôme).
Fort d’un niveau d’agréments important, le biodiesel occupe la première position pour la production de biocarburants dans l’hexagone. Développée notamment via la société Diester Industrie, entreprise issue de la filière oléagineuse (Sofiproteol), la production de biodiesel devrait atteindre les 3 Mt à l’horizon 2010. Diester-Industrie est aujourd’hui à la tête de six unités: Grand-Couronne (260 000 t), Montoir (250 000 t), Le Mériot (250 000 t), Sète (250 000 t), Compiègne (200 000 t) et Boussens (40 000 t). Les sites de Le Meriot et de Boussens sont positionnés pour le premier dans l’Aube, pour le second dans le Gers. Fin 2007, la capacité globale de production de biodiesel se situera aux alentours de 1,25 Mt.
D’ici trois ans, ce sont près de 2 Mt de capacités supplémentaires qui vont être mises en place. Listées par la filière, les prévisions de réalisation de nouvelles unités portent sur une douzaine de sites. Diester-Industrie va développer trois nouvelles unités dont la mise en service est prévue l’an prochain: il s’agit de trois usines de 250 000 t de capacité chacune implantée à Grand-Couronne (doublement de l’usine Diester-Industrie actuelle), à Coudekerque (Nord) et à Bassens (Gironde).
Plusieurs autres unités de production sont également en cours de développement. Parmi ceux-ci, on peut citer le projet d’Ineos dans l’Est de la France, à Baleycourt (près de Verdun) qui va porter sa capacité de production de biodiesel à 230 000 t. Un autre projet existe dans le même département pour 60 000 t (Charny-sur-Meuse). À Dunkerque, outre la nouvelle unité de Diester-Industrie (Coudekerque), une autre usine va être réalisée, d’une capacité de 150 000 t, pour Nord-Ester (groupe Daudruy). Sur la façade méditerranéenne, une unité de 200 000 t de capacité devrait voir le jour à Fos-sur-Mer (Biocar). À l’Ouest, on compte plusieurs projets, notamment 60 000 t à La Pallice pour Sica Valagro, 60 000 t à Chalandray (Charente) avec Centre Ouest Céréales, 55 000 t à Lisieux (Bionerval), 60 000 t à Limay (SARP-Industrie), etc. Ces différents projets s’étalent pour certains jusqu’en 2010.
Côté bioéthanol, les volumes sont plus limités, compte tenu d’un niveau moindre d’agréments. Le bioéthanol vient s’additiver aux essences, produit dont la consommation française est en diminution depuis plusieurs années, alors que la demande en gazole (utilisateur du biodiesel) progresse régulièrement. D’ores et déjà, plusieurs unités de production sont actives ou en phase de démarrage dans l’hexagone: les plus importantes sont BENP-Lillebonne (Seine-Maritime), l’unité Tereos d’Origny-Sainte-Benoîte (Aisne), la première unité de Cristanol (Cristal-Union) à Bazancourt (Marne) et l’usine de Lacq (Abengoa); Origny Saint-Benoîte a été la première à être mise en service (septembre 2006), suivie de Lillebonne, Bazancourt et Lacq en juin 2007. Bazancourt (120 000 t) et Origny Sainte Benoîte (200 000 t) produisent de l’éthanol à partir de betteraves, celle de Lillebone à partir de blé (230 000 t) et celle de Lacq (Abengoa) avec du maïs (200 000 t). Cristanol (Bazan-court) réalisera une seconde unité sur le même site, orientée céréales et glucose, pour 160 000 t, portant ainsi la production totale à 280 000 t. Cette seconde unité doit être mise en service au second semestre 2008. Il existe plusieurs autres projets en cours, notamment celui du groupe Soufflet au Meriot (Aube), usine de 100 000 t de production, utilisatrice de blé (mise en service en 2008) ou encore celui de Roquette avec une unité de 160 000 t qui devrait être réalisée à Beinheim (Bas-Rhin) pour ne citer que les plus importants.