L’industrie maritime unie pour réduire son empreinte

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L’initiative est une première en Amérique du Nord. Sept associations de l’industrie maritime américaine et canadienne viennent de lancer une politique environnementale commune, baptisée "Alliance verte", concernant les Grands lacs et le fleuve Saint-Laurent. Il s’agit de l’American Great Lakes Ports Association, des Armateurs du Saint-Laurent, de l’Association des armateurs canadiens, de la Chambre de commerce maritime, de la Fédération maritime du Canada, de la Société de développement économique du Saint-Laurent (Sodes) et de l’United States Great Lakes Shipping Association.

Ces différentes fédérations souhaitent entraîner dans leur sillage – sur une base volontaire – leurs 500 membres et tous les acteurs économiques de ce corridor maritime et leur apporter un soutien. Trente entreprises ont déjà officiellement adhéré, qui représentent – selon les promoteurs – la moitié de l’activité maritime sur cet axe. Il s’agit aussi bien de ports et terminaux, que d’armateurs, chantiers navals, compagnies de ferry ou pétrolières…

"Notre défi est d’aller convaincre les 50 % restant", estime Gerry Carter, l’un des trois coprésidents de l’Alliance verte et dirigeant de la société Canada Steamship Lines. Concernant les transporteurs internationaux, la mobilisation est à envisager à moyen terme. Même si Mærsk et Hapag-Lloyd sont intéressés, aux dires de Marc Gagnon, secrétaire général de la Sodes, aucun ne s’est encore mobilisé. Cela représentera évidemment une étape cruciale pour la réussite de la politique qui "n’aurait pas de sens sinon".

Six domaines d’action

Les participants à l’Alliance verte s’engagent à aller plus loin que les réglementations actuelles, à devancer celles qui verront le jour et, plus généralement et concrètement, à réduire leur empreinte environnementale. Six enjeux sont ciblés dans un premier temps: espèces aquatiques envahissantes ou pathogènes, émissions atmosphériques polluantes (oxyde de soufre et d’azote), gaz à effet de serre (GES), résidus de cargaison (lors des déchargements de vracs solides), rejet d’eaux huileuses, nuisances pour les résidents autour des activités portuaires (bruit, poussière, odeurs et lumières). D’autres thèmes suivront.

Les compagnies entrent dans un processus de certification sur chacun de ces domaines. Pour l’instant, elles s’autoévaluent selon une grille et un guide proposés, qui vont en cinq étapes de "respect de la réglementation en vigueur" jusqu’à "excellence des pratiques". Elles identifient ensuite leurs défis, définissent un plan d’action et sont invitées à mettre en place un système de gestion environnementale. Elles sont ensuite labellisées – ou non – et peuvent afficher le logo de l’Alliance verte. Leurs progrès pourront être suivis sur le site www.allianceverte.org. En 2009, un système de vérification externe sera mis en place.

Marketing corporatif

Les fédérations à l’origine de la démarche veulent, à terme, que la certification s’impose et devienne une norme, dans le cadre d’un processus d’amélioration continue. Elles ne cachent pas vouloir ainsi promouvoir le transport maritime face à ses concurrents – notamment le transport routier – et le faire reconnaître comme écologique, mais aussi bâtir des relations fortes entre industriels ou encore éviter de se faire imposer des règlements inadaptés. Les partenaires qui soutiennent l’Alliance verte – syndicats de pilotes, fournisseurs, organismes gouvernementaux, agents maritimes et expéditeurs… – peuvent également afficher le logo. Trente-neuf organismes l’appuient actuellement. Collaborations et concertations avec les citoyens et gouvernements, actions de formation, recherche et développement (soutien aux innovations technologiques notamment) à un niveau collectif et corporatif sont également au programme, en plus des efforts internes de chaque participant.

À noter: certaines entreprises impliquées étaient déjà leaders sur les problématiques environnementales. Canada Steamship a ainsi baissé de 28 % en quinze ans ses émissions de GES grâce à l’amélioration de ses moteurs, l’agrandissement des navires, le changement de génératrices… Le transporteur Fednav, dirigé par Laurence G. Pathy, également coprésidente de l’Alliance verte, a testé et aidé au développement de la technologie de traitement des eaux de ballast OceanSaver dans laquelle il investit pour sa flotte. En 2005, les acteurs économiques de la voie maritime du Saint-Laurent ont participé à la définition de la Stratégie de navigation durable avec les gouvernements fédéraux et provinciaux concernés. Celle-ci prévoit par exemple la diminution de la vitesse des navires pour limiter l’érosion des berges dans des secteurs sensibles repérés. La Sodes a, dans la foulée, monté un comité environnement, qui a fortement contribué à la création de l’Alliance verte après deux ans de travail et réflexion.

Lors du lancement de cette politique le 23 octobre à Québec, certains intervenants soulignaient la grande différence avec l’Europe: "Ici, ce sont les industriels qui se mobilisent. Et de façon bien plus concrète…" Fait non négligeable, groupes écologistes et regroupement de citoyens ont accueilli favorablement cette mobilisation.

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