Extrême-Orient: toujours plus

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Singapour reste le premier port du monde pour les conteneurs avec un trafic de 20,73 MEVP entre janvier et septembre et une croissance de 13 % en un an. Arrivent ensuite deux ports chinois: Shanghai avec 19,35 MEVP (+ 21,2 %) et Hong Kong avec 17,70 MEVP (+ 2 %). Sur l’ensemble de l’année, l’Autorité portuaire de Shanghai estime le trafic de Singapour à 27,6 MEVP et celui de Shanghai à 25,5 MEVP.

Les pays émergents

La Thaïlande, le Viêt-nam, les Philippines et la Corée du Sud développent leurs infrastructures portuaires et modernisent leurs équipements, souvent avec l’aide de capitaux étrangers.

En Thaïlande, la société Kerry Siam Seaport entend profiter de cette dynamique. Elle a investi 48 M$ (32,41 M€) dans la construction d’un port en eau profonde à Laem Chabang. Opérationnel en janvier 2008, ce port disposera d’un tirant d’eau de 14,5 m, de quatre terminaux pour le trafic en conventionnel d’une capacité annuelle totale de 4 Mt et de deux terminaux à conteneurs (400 000 EVP).

Les exportations vers la Chine seront surtout constituées de sucre et de produits pétrochimiques. En outre, Kerry Siam Seaport envisage de créer une coentreprise avec la compagnie allemande Alfred Talke, qui développe un centre d’entreposage et de distribution en Chine pour traiter directement le fret venant de Laem Chabang.

Au Viêt-nam, SP-PSA, coentreprise entre Saigon Port Vinalines et PSA Vietnam Pte Ltd (filiale à 100 % de PSA Singapour), va construire un port polyvalent en eau profonde sur le fleuve Cai Mep-Thi Vai dans la province méridionale de Ba Ria-Vung Tau. Destiné à devenir une plate-forme d’éclatement pour l’ASEAN, ce port aura une capacité annuelle initiale de 1,1 MEVP en 2009 et de 2 MEVP à terme et sera relié par voies routière et ferrée à Ho Chi Minh ville et à l’hinterland. Cette province va aussi bénéficier de deux autres projets. Le premier consiste en la construction d’installations portuaires d’un coût de 637 M$ (430,45 M€) à Ben Dinh-Sao Mai, dont l’ouverture des terminaux pétroliers et de gaz est prévue vers la fin de l’année. Le second, auquel participe le groupe Hutchison Ports Holdings, concerne le terminal SITV (730 m de quai et 14 m de tirant d’eau) dans la zone industrielle de Cai Mep-Thi Vai. La province septentrionale de Haiphong recevra 1,6 Md$ (1,08 Md€) pour la construction du port de Lach Huyen par le groupe public vietnamien Vinalines et le port de Zeebrugge.

Pourtant, d’après le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce Nguyen Thanh Bien, l’insuffisance de ports et d’infrastructures routières pourrait bloquer les exportations qui devraient croître de 25 % par an. Environ 19 % des routes sont goudronnées et le réseau ferré doit être modernisé pour faire face à la demande. Le Viêt-nam compte 266 ports maritimes qui traitent 80 % de ses échanges extérieurs. Mais seulement neuf, après remise en état, pourraient accueillir des navires de 50 000 tpl ou de 3 000 EVP. Le trafic de conteneurs a atteint 3,71 MEVP en 2006 (+ 21,6 % en un an), dont 72 % par les ports de Ho Chi Minh ville et de Haiphong. L’État va donc investir 4,5 Md$ (3,04 Md€) en cinq ans dans les ports. La province centrale de Kanh Hoa, actuellement peu touchée par les flux de marchandises, recevra 3,5 Md$ (23,65 Md€) pour transformer la baie de Van Phong en centre de transbordement. Vinalines a récemment été autorisé à doter le port de Van Phong de deux quais pour traiter des navires de 9 000 EVP. Les travaux, qui coûteront 185 M$ (125 M€), porteront sa capacité à 700 000 t par an en 2010.

Aux Philippines, Asian Terminals Inc (ATI), filiale de DP World (Dubai) et concessionnaire du terminal public South Harbor de Manille depuis 1989, a obtenu en octobre une prolongation de son contrat… jusqu’en 2038! South Harbour, qui traite les trafics de conteneurs, de marchandises diverses et de passagers, est l’un des quatre terminaux de Manille. ATI s’est engagé à y investir 350 M$ (235,87 M€) à partir de 2014, notamment dans les équipements de manutention et les constructions d’une zone d’entreposage pour conteneurs adjacente au terminal à passagers Eva Macpagal, d’un terminal pour les camions et d’un terminal ferroviaire pour les conteneurs. ATI, l’un des plus grands opérateurs portuaires du pays, exploite aussi le terminal 1 du port de Batangas, le terminal céréalier de Mariveles (baie de Manille) et le terminal Makar Wharf du port de General Santos.

D’autre part, l’Autorité portuaire de Cebu a conclu, jusqu’en 2013, un contrat avec l’opérateur local Oriental Port and Allied Services, qui va investir 3,9 M$ (2,63 M€) dans un terminal pour produits agroalimentaires dans le port international (CIP). Le port de Cebu a en effet vu ses trafics diminuer au cours des vingt dernières années, au profit de ses concurrents Batangas et Bataan. De son côté, l’Autorité portuaire va séparer le CIP du port local et le protéger pour le rendre conforme au code ISPS.

En Corée du Sud, le gouvernement a fait savoir, fin octobre, que les mesures de sûreté en matière de transport de conteneurs par mer seront encore plus strictes que celles appliquées aux États-Unis, dans l’Union européenne et par les organisations internationales OMI et ISO. Le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie, les Douanes et le Service national du renseignement y travaillent depuis l’annonce, en août, par les États-Unis de leur intention de vérifier tous les conteneurs arrivant dans leurs ports à partir de 2012. Des douaniers américains sont présents dans les ports sud-coréens depuis 2003. Sur les 140 MEVP acheminés par mer dans le monde chaque année, la Corée du Sud traite 15,96 MEVP, mais ne vérifie le contenu que de 0,03 % d’entre eux par rayons X ou ouverture des scellés. Toutefois pour les conteneurs à destination des États-Unis, ce pourcentage passe à 1,7 %. Le zèle de la Corée du Sud s’explique aussi par le fait que la valeur de ses exportations en 2006 a atteint 325,46 Md$ (219,42 Md€), dont 43,18 Md$ (29,11 Md€) avec les États-Unis et 48,45 Md$ (32,66 Md€) avec l’Union européenne.

La locomotive chinoise

Le trafic maritime de conteneurs de la Chine devrait franchir la barre des 100 MEVP à la fin de 2007, a déclaré son vice-ministre des Communications Weng Mengyong, lors la Convention internationale sur le transport océanique tenue en octobre à Tianjin (Chine du Nord). Au cours des neuf premiers mois, les ports ont réalisé des trafics totaux de 82,11 MEVP, soit une hausse de 22,7 % en un an, et de 3,9 Mdt (+ 15,5 %). En 2006, ces chiffres ont été respectivement de 93 MEVP et de 5,6 Mdt. Le trafic en transbordement est resté le plus élevé du monde pour la cinquième année consécutive, a ajouté Weng Mengyong. Douze ports ont obtenu un trafic supérieur à 100 Mt et celui de Shanghai a traité 530 Mt. Selon le Bureau national des statistiques, la Chine dispose de 10 848 postes à quai, dont 1 108 en eau profonde d’une capacité unitaire dépassant 10 000 t.

Les projets d’extension portuaire se poursuivent. Ainsi, Majishan, premier port chinois en eau profonde construit sur une île dans l’estuaire du Yangtze (voie d’eau vitale pour le pays), dispose depuis fin octobre de postes à quai pour les navires de 10 000 tpl à 300 000 tpl et d’une aire de stockage de 32 ha récupérée sur la mer. Sa capacité passera à 50 Mt par an. C’est la seconde phase du projet de développement entrepris par Baosteel, plus grand sidérurgiste du pays. La première phase, terminée en 2002, visait à faciliter, pour toutes les aciéries du Yangtze, les importations de minerai de fer qui ont atteint 26,16 Mt en 2006.

Baosteel, dont le siège est à Shanghai, a réalisé un bénéfice net de 8,16 Md de yuans (742 M€) au premier semestre, soit une hausse de 80,21 % en un an.

D’autre part, les autorités de la province de Guangxi vont investir 1,33 Md$ (896,92 M€) dans des projets portuaires à Qinzhou, Beihai et Fangchenggang. Leur objectif est de porter le trafic de marchandises de la zone économique de Beibu à 100 Mt en 2010 et à 300 Mt en 2020. Elles envisagent de faire appel à l’expertise et aux capitaux d’entreprises privées comme le groupe Hutchison Whampoa, qui a des participations dans 46 ports dans le monde.

L’essor maritime de Shanghai tient beaucoup à la construction du port en eau profonde de Yangshan, dont le développement en cinq phases attire les investissements étrangers. Selon Xu Peixing, directeur général de l’Autorité portuaire de Shanghai, le trafic de conteneurs de Yangshan devrait atteindre 5,8 MEVP fin 2007, alors que sa capacité n’était que de 4,3 MEVP à l’achèvement de la phase II un an auparavant. La phase III, qui sera terminée en 2008, portera la capacité à 15 MEVP en 2012. Elle reste ouverte aux investisseurs chinois et étrangers, dont la liste n’est pas close. D’après la presse locale, y figureraient les groupes chinois Cosco et China Shipping,et l’opérateur singapourien PSA International. Hutchison Whampoa et A.P.Møller-Maersk détiennent chacun 32 % de la phase II. La filiale de ce dernier, APM Terminals, dirige le consortium qui a racheté deux terminaux à conteneurs du port de Dalian pour 1,25 Md de yuans (113,76 Md€) à l’entreprise chinoise Dalian Port Co. Le bénéfice de 221 M de yuans (20,11 M€) réalisé par celle-ci servira à rembourser ses dettes et à financer ses autres projets portuaires. De son côté, l’armement français CMA CGM, qui investit déjà dans le port de Haicang à Xiamen, souhaite faire de même à Tianjin et Yancshan (Shanghai).

Enfin, les flux de capitaux chinois vers les ports étrangers continuent. Le groupe Cosco, coté à la bourse de Hong Kong, va investir dans des terminaux à Singapour, en Égypte et en Belgique, a déclaré son président Wei Jiafu à l’agence Reuters fin octobre.

Coopération régionale

« L’an dernier, la valeur du trafic maritime de marchandises entre la Chine et les dix pays de l’ASEAN a atteint 100 Md$ (67,60 Md€), soit plus de la moitié de celle de leurs échanges totaux », a déclaré le ministre chinois des Transports Li Shenglin, lors d’une conférence internationale tenue en octobre 2007 à Nanning (Chine du Sud). Ces échanges devraient passer de 160,8 Md$ (108,61 Md€) en 2006 à 190 Md$ (128,42 Md€) cette année. L’ASEAN regroupe Singapour, la Thaïlande, le Laos, le Myanmar, le Viêt-nam, Brunei, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et le Cambodge. Après des accords maritimes bilatéraux avec cinq d’entre eux (Viêt-nam, Singapour, Malaisie, Thaïlande et Indonésie), la Chine en a conclu un avec l’ASEAN en tant que tel cette année. En outre, les deux parties accélèrent la réduction de leurs droits de douane, en vue de faciliter l’établissement d’une zone de libre échange. La première phase, en 2010, concernera la Chine, Brunei, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Elle devrait être complétée cinq ans plus tard par l’inclusion du Viêt-nam, du Laos, du Cambodge et du Myanmar.

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