Le Port autonome d’Abidjan (PAA) a plié, mais n’a pas rompu. C’est avec cette image des fables de La Fontaine que les responsables de la communauté portuaire abidjanaise sont venus rassurer leurs partenaires français lors d’un déplacement à Paris le 12 décembre. Le président de la communauté portuaire d’Abidjan, Marcel Gossio, a rappelé que "le Port autonome d’Abidjan n’a pas sombré dans la crise, malgré les événements qui ont secoué le pays depuis 2002". Ainsi, si en 2002 et 2003, le trafic du port a régressé, il a retrouvé son rythme de croissance dès 2004. En 2006, le PAA a enregistré un trafic de 18,85 Mt. "Pendant la crise qui a sévi dans notre pays, la communauté portuaire a su prendre les mesures pour la continuité portuaire", a affirmé Marcel Gossio.
En mars, lors d’une rencontre à Ouagadougou, les responsables politiques de la Côte d’Ivoire ont signé un accord qui marque la fin de la crise. Une date clé qui permet à l’économie ivoirienne de reprendre son envol. Tous les signes montrent que le port est désormais dans une nouvelle dynamique. Les statistiques pour les neuf premiers de l’année en attestent. Avec 14,35 Mt, Abidjan table sur un résultat annuel de 19,14 Mt, un record historique dans la vie du PAA.
Passer le tirant d’eau de 10 à 12 m
Dans cette nouvelle phase de reconquête des trafics, la communauté portuaire abidjanaise s’est réunie à Grand Bassam, en mai, pour donner des orientations claires au port. À l’issue de ce séminaire, un des objectifs fixés a été de réduire de 5 % la facture des comptes d’escale des navires touchant le port. Ensuite, le port s’engage à mettre à disposition des clients une plus grande surface d’entreposage. Enfin, des travaux seront engagés pour améliorer les conditions nautiques du port. "Dans ce séminaire de Grand Bassam, nous avons décidé d’entreprendre les travaux pour l’approfondissement des quais de 10 m à 12 m", a indiqué Marcel Gossio. Des ouvrages qui seront rapidement perfectibles pour les clients puisque les navires pourront désormais charger en moyenne 200 t de plus par navire. "Ces mesures doivent nous rapprocher de nos clients. Elles traduisent notre volonté de nous intégrer dans l’économie africaine", a continué le président de la communauté portuaire.
Un terminal à conteneurs sur l’Île Boulay
Outre cet approfondissement des quais du port, le PAA est venu exposer son projet de terminal à conteneurs sur l’Île Boulay. "Ce terminal s’inscrit dans notre troisième schéma directeur", a rappelé Marcel Gossio. Les études pour le sondage et les conditions environnementales ont été réalisées. La construction des quais et celle du pont qui reliera le terminal de l’île au continent devraient commencer dans les prochaines semaines. Au final, ce terminal sera opérationnel dans cinq ou six ans. Les travaux ont été concédés à un consortium. Il reste aujourd’hui à trouver un opérateur. "Si vous êtes intéressés par ce projet, nous sommes disposés à recevoir toutes vos propositions", a lancé le président de la communauté portuaire abidjanaise. Ce terminal permettra aux navires post-panamax de desservir le port. En 2002, la crise ivoirienne a mis en sommeil les velléités du port de devenir un hub régional conteneurisé.
L’approfondissement du canal de Vridi à un tirant d’eau de 17 m constitue aussi un atout pour le port.
Outre les projets de développement des terminaux, le port travaille aussi à une meilleure desserte de son hinterland, notamment vers le Mali et le Burkina Faso. Pendant des années, les responsables politiques et économiques africains refusaient de parler du "racket" sur les routes. Désormais, les "perceptions illégales par le personnel habillé", formule consacrée pour désigner les sommes illégalement perçues par les fonctionnaires, ne sont plus un sujet tabou. Dans sa politique de lutte contre la corruption, le port a remis sur pied, avec les autorités du pays, un système d’escorte des camions vers les régions intérieures. "Trois cents gendarmes et policiers accompagnent les camions entre le port et les frontières malienne et burkinabée ", a indiqué Marcel Gossio. Une mesure qui devrait rassurer les opérateurs des pays enclavés pour un retour progressif vers les quais ivoiriens.
Le Port autonome d’Abidjan en quelques chiffres (2006)
– Trafic total de 18,85 Mt (+ 1 %) dont:
• 8,9 Mt de produits pétroliers (+ 0,9 %)
• 8,2 Mt de marchandises générales
– Trafic conteneurisé de 507 119 EVP (− 11,3 %)
– Trafic en transit de 1,001 Mt (+ 31,4 %) dont:
• 495 259 t (17,7 %) vers le Burkina Faso
• 504 754 t (49,2 %) vers le Mali
• 16 t (− 84,3 %) vers le Niger
• 1 848 t (− 40,6 %) vers les autres pays.