Hervé Balladur, un transitaire qui compte à Marseille

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Pour les 20 ans de sa société, HBI, il a reçu 200 invités, clients et relations, au Palais du Pharo. L’édifice domine le Vieux-port et regarde la passe Sainte-Marie qui ouvre la Joliette. Construit pour l’impératrice Eugénie, il conserve les ors et les stucs de la période. Petits-fours, tours de magie, la manifestation qui s’y déroule, n’a pourtant rien de guindé malgré la présence d’un ex-ministre et 1er adjoint de la municipalité marseillaise, Renaud Muselier, et d’une brochette de présidents en tout genre. Ce serait mal connaître l’hôte.

Hervé Balladur, 56 ans, est un homme de convivialité et de fidélité. Plutôt "grande gueule", son mètre quatre-vingt-sept et sa moustache ne passent jamais inaperçus. Il parle haut d’une voix grave et met rarement un mouchoir sur ce qu’il pense. Ce n’est pas par hasard que cet administrateur du port autonome de Marseille s’est retrouvé aux avant-postes pour défendre le dossier des bassins Est. Il y conduit une commission pour leur dynamisation, parfois contre des amis politiques qui rêvent de transformer le domaine portuaire en terrain de jeu pour investisseurs immobiliers. Particulièrement investi dans la communauté portuaire, il ne ménage ni son temps, ni ses efforts. Aujourd’hui, il reçoit ses invités et salue "ceux qui ont parfois fait un long voyage de l’étranger pour nous rejoindre et qui sont venus de Miami, de Stockholm, de Rotterdam, du Pirée, de Barcelone, de Gênes ou d’Anvers pour nous faire l’amitié de leur présence". Des clients de la société établie en propre à Marseille, au Havre et à Lyon, mais qui compte aussi des représentants dans 150 ports à travers le monde.

"J’AI DEBUTÉ MON ACTIVITÉ PAR UNE GRÈVE DE DOCKERS"

Rare entreprise encore indépendante sur le port de Marseille, le développement d’HBI doit beaucoup à la personnalité de son fondateur qui a su s’adapter à la mutation de la profession. On peut mesurer aujourd’hui le chemin parcouru depuis le point de départ. "Lorsque j’ai décidé de créer mon entreprise et d’attacher le nom de Balladur à une société de transit, il n’y avait là rien de très glorieux encore qu’il fallait une forte dose d’inconscience pour se lancer dans ce genre d’aventure. Mais j’avais 20 ans de moins. Si je vous disais que, tradition oblige, j’ai débuté mon activité par une grève des dockers qui a duré… un mois. Donc, en 1987 lorsque je me suis installé avec ma machine à écrire mécanique pour seul outil, certains ne donnaient, il faut bien le dire, pas cher de ma peau. Vingt ans après je suis fier de ce que nous avons réussi, mes collaborateurs et moi, et je puis vous assurer que la route a été semée d’embûches."

Est-ce de cette époque qu’il a hérité du goût de la moto et du 4×4? À la tête d’une entreprise qui compte 47 personnes, on lui reconnaît les qualités du "fonceur". En 2000, il figure parmi les tout premiers à croire dans la zone franche de Saumaty-Séon où il installe le siège de sa société. Aujourd’hui, la zone d’activités repousse ses murs devant le succès. De là, HBI propose à ses clients (chimie, industrie, papier, pharmacie, agroalimentaire) un traitement administratif et physique complet, un "global process", de leurs commandes transport. Son volume d’activité représente 20 000 conteneurs et plus de 10 000 dossiers traités.

L’année 2007 a été bénéfique à HBI qui devrait enregistrer une hausse de 10 % de sa marge brute avec un CA de 30 M€. Dans son portefeuille de clients, le groupe pharmaceutique Sanofi Aventis a particulièrement joué dans cette progression.

SURMONTER LA MONDIALISATION ET LA GLOBALISATION

De la machine à écrire du départ, Hervé Balladur a su rapidement passer à l’ère de l’informatique. Son investissement dans la communauté portuaire l’a d’ailleurs conduit à accompagner de près le développement d’AP+, système informatique de gestion des marchandises, à travers la société Gyptis dont il fût administrateur. Il eut d’autres mutations à effectuer ou à refuser. "Nous avons su constituer un réseau d’agents et des alliances partout où c’était nécessaire. Avec nos partenaires, nous avons démontré qu’un accord entre des PME dynamiques et motivées était souvent plus performant que la structure mondiale d’un groupe de transit s’appuyant sur ses propres entités", résume-t-il. "Nous avons dû survivre à la globalisation qui poussait les transitaires à élargir leur périmètre d’intervention (maritime, aérien, entreposage, transport). Nous avons choisi de rester des portuaires, commissionnaires de transport maritime et de sélectionner avec soin des sous-traitants de qualité dans tous ces métiers. Nous avons également résisté à la tentation de la concentration; il fallait être gros pour vaincre ses concurrents et donc faire de la croissance externe ou se faire absorber par un plus gros. Nous avons choisi de rester une dimension raisonnable et de cultiver notre esprit d’entreprise pour continuer à être porteurs des valeurs d’une PME familiale. Et, malgré tout cela, nous avons su garder notre indépendance et notre personnalité, et sommes aujourd’hui l’une des dernières structures familiales de transit à Marseille et au Havre." Neveu d’un transitaire, Pierre Balladur, spécialiste de ce qui fut longtemps une particularité du port de Marseille – les fruits secs et les cafés –, Hervé Balladur croit dur comme fer à la valeur familiale d’une entreprise portuaire. Outre son épouse, son fils figure dans l’organigramme d’HBI. Homme d’une certaine tradition (il a été président du Lions Club de Marseille-Vieux Port), il se montre pudique sur certaines de ses activités. Quand ce plongeur émérite aide aux missions de la recherche sous-marine archéologique (DRASM) ou qu’il participe à des actions humanitaires (envoi de vêtements lors du tsunami, aide logistique pour une opération au Mali pour un hôpital). Des interventions qui le révèlent tel qu’il est, bourru au grand cœur, attachant.

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