Invariant depuis au moins décembre 2005, Jacques Saadé, le président de CMA CGM, est toujours agacé par la congestion des ports européens et ouest américains qui n’ont pas anticipé la croissance du trafic conteneurisé résultant des délocalisations massives en Chine. Mais cette année, il lance une nouvelle idée sur le financement des terminaux à l’occasion des 3e Assises de la mer (voir p. 8). Les armateurs n’ont pas vocation à investir dans les terminaux à conteneurs a-t-il souligné. Ils y sont contraints pour assurer à leurs navires un passage sûr et rapide, mais le financement des terminaux devrait être une affaire "publique et non pas privée". Aussi Jacques Saadé propose-t-il de faire financer par appel public à l’épargne, ces terminaux, comme il essaie de faire financer ses navires par des investisseurs américains (JMM du 9-11-2007, p. 7). Au printemps 2006, Jacques Saadé avait une autre idée au sujet des terminaux portuaires: il espérait pouvoir associer trois ou quatre armateurs, un fonds d’investissement et un opérateur de terminal minoritaire pour partager les coûts (JMM du 14-4-2006, p. 10).
L’AVENIR DU MARITIME PASSE PAR LE FERROVIAIRE
Autre vision de Jacques Saadé: le développement des hinterlands portuaires grâce au ferroviaire. Ainsi la desserte de Mannheim via Le Havre par train est-elle plus rapide que via Hambourg. Il semble bien que CMA CGM concentre sur Le Havre des flux Asie comme elle "détourne" au profit de Marseille des trafics Maghreb. Aspiré par les dessertes ferroviaires, le président de CMA CGM en vient même à proposer que les subventions prévues pour les autoroutes de la mer soient affectées au transport ferroviaire, plus "efficace". Comme s’il avait oublié que sa compagnie s’était associée à Dreyfus et Grimaldi pour proposer un service ro-ro entre l’Espagne et la France.