Sur les terminaux portuaires, la manutention est effectuée sur les quais et terre-pleins par les ouvriers dockers qui ont un contrat de travail avec une entreprise de manutention, tandis que la conduite et l’entretien des portiques sont opérés par les portiqueurs et techniciens de maintenance qui ont un contrat de travail avec le port, établissement public.
Le 16 décembre 2005 ont été écrites les grandes lignes du dispositif de mise à disposition, par le port autonome du Havre, pour une période transitoire de trois ans, des personnels grutiers aux opérateurs des terminaux sous convention d’exploitation. Ce dispositif donne à l’opérateur du terminal la pleine responsabilité de l’organisation et de l’exploitation de son terminal.
"Nous sommes arrivés au milieu de la période transitoire des trois années prévue pour donner aux uns et aux autres les moyens de faire le bilan de l’expérience. Pour l’instant mon impression, selon les échos que je reçois, est que ça ne tourne pas si mal que ça", souligne Daniel Lefebvre, secrétaire général de la FNPD CGT. Dans les mois qui suivent, la direction des ports, l’UNIM (Union nationale des industries de la manutention) et la FNPD (Fédération nationale des ports et docks) établiront donc le bilan du dispositif qui pourra alors être pérennisé.
Révision de la "convention verte"
Au fur et à mesure de l’ouverture de nouveaux postes à quai et de la montée en puissance des opérateurs sur Port 2000, la demande de portiqueurs et techniciens va augmenter, et la question du recrutement de nouveaux portiqueurs va se poser ainsi que celle de leur formation. Cette question est actuellement débattue avec la direction du Port autonome du Havre. Les portiqueurs, et techniciens assurant la maintenance des portiqueurs comme les électriciens et tous les métiers des services administratifs, comptables et commerciaux des ports de commerce relèvent de la convention collective "verte" et donc de l’UPACCIM (Union des ports de commerce et des chambres de commerce et d’industrie maritime). La révision de la convention verte est engagée par une négociation avec la FNPD. Les chapitres déposés sur la table des négociations concernent la délimitation de son champ d’application, la durée du travail, le droit syndical et surtout la question des classifications professionnelles et de la formation professionnelle. L’objectif est d’actualiser le système de formation comme les pratiques en s’inspirant de la législation récente: l’accord national interprofessionnel sur la formation professionnelle tout au long de la vie, repris en grande partie dans la loi du 4 mai 2004.
Dockers: priorité à la formation professionnelle
Du côté des dockers, les négociations entre la FNPD et l’UNIM portent actuellement sur trois sujets: la revalorisation prévisible des salaires pour 2008, la gratification de fin d’année et surtout la formation professionnelle.
La gratification annuelle est déjà entrée dans la pratique des entreprises et il s’agit de l’introduire dans la convention collective. Le but recherché est d’inscrire dans cette dernière la notion de treizième mois.
La formation professionnelle est le gros chantier en cours. Les négociations concernant la certification professionnelle sont arrivées en phase finale. "La rédaction des certificats de qualification professionnelle ou CQP est bien avancée et l’on est entré dans la phase technique de leur homogénéisation nationale", souligne Xavier Galbrun, directeur de l’UNIM. La demande de dépôt d’inscription de ces CQP dans le répertoire national des certifications professionnelles, tenu à jour par les pouvoirs publics, a été formulée. La procédure d’homologation peut prendre quelques mois.
Il existe six familles de CQP. Dès lors qu’elles auront obtenu un caractère officiel, les dockers pourront faire valider les acquis de l’expérience, pour ceux qui exercent depuis plus de trois ans. Pour ceux qui veulent entrer dans la profession, ils devront passer un premier CQP d’accueil dans la profession, puis le CQP sur les gestes et postures, etc. Dans les trois ans à venir plus de 20 000 dockers vont devoir obtenir leurs CQP par la voie de la VAE.
Un travail considérable vient d’être réalisé. "On entre dans une ère complètement nouvelle, en matière de formation professionnelle, de qualification, de sécurité et de sûreté", estime Daniel Lefebvre.
L’approbation ministérielle de ce référentiel professionnel achèvera ainsi la réforme abordée par la suppression de la carte professionnelle des dockers en 1992, la profession étant désormais validée par un contrat de travail et un diplôme. "Au moment où s’accomplit ce travail de fond, en plein accord entre la FNPD et les chambres patronales aussi bien de l’UPACCIM que l’UNIM, le message que nous avons envoyé à Dominique Bussereau et au président de la République, c’est que ça serait vraiment dommage qu’une réforme agressive ou maladroite vienne casser cette dynamique de construction qui existe depuis deux ou trois ans!", insiste encore Daniel Lefebvre.