"Le régime spécial des marins ne sera en aucun cas modifié", a indiqué Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, le 7 octobre dernier, lors du quatre-vingt-quatrième congrès de la Fédération nationale des pensionnés de la marine marchande de France et d’outre-mer FNPMM.
Les marins du commerce continueront donc de pouvoir prendre leur retraite au bout de 37 ans et demi de carrière. Cependant le rapport publié voici deux ans par le ministre François Coppée sur la modernisation de l’Établissement des invalides de la marine continue de faire des vagues du côté des syndicats de marins.
"Ce n’est pas le tout d’avoir le cadre des 37 ans et demi pour la retraite, si à l’intérieur on le vide de sa substance!" Le syndicat marin CGT est ainsi particulièrement attentif à ce que l’on ne réduise pas de vingt à huit les catégories professionnelles de marins au salaire forfaitaire, à l’occasion de discussions en cours depuis deux années.
Revoir la formation maritime
L’autre dossier qui préoccupe les syndicats de marins, les armateurs et la Direction des affaires maritimes et des gens de mer est celui de la formation des marins et officiers de la marine marchande.
Devant la pénurie d’officiers de la marine marchande et le fait qu’une forte proportion d’entre eux quitte le métier après seulement quelques années de service à bord des navires, la conviction est que la formation maritime doit être réformée.
L’enseignement donné dans les écoles de la marine marchande répond correctement à sa vocation à former des officiers, mais cette spécialisation exclusive explique leur faible attractivité. Le redressement passe par l’élargissement de leur champ de compétence vers le secteur paramaritime et vers les métiers de l’international. En formant des marins et des cadres à l’interface des activités maritimes et terrestres, les écoles de la marine marchande attireraient davantage de jeunes qui, après une période à bord, pourraient se reclasser comme cadres dans des activités maritimes connexes ou de logistique. Ceci suppose des écoles qui atteignent une taille critique: une seule au lieu de quatre, même si elle est éclatée en deux lieux géographiques, propose Eudes Riblier, président d’Armateurs de France.
Devenir officier par la maistrance
La formation dans les lycées professionnels maritimes devrait également être revue, estime Alain Merlet, secrétaire général du syndicat des marins CGT, afin de rendre le métier de marin plus attractif et que les marins puissent devenir officiers par la maistrance.
Un groupe de travail sur la formation professionnelle a donc été constitué le 23 novembre dernier par le Conseil supérieur de la marine marchande, et le 7 décembre, la direction des affaires maritimes organisait une table ronde sur l’enseignement supérieur maritime, à l’instigation de Dominique Bussereau.
Les relations des syndicats de marins avec Armateurs de France s’étaient dégradées depuis quatre ans du fait d’un désaccord sur le RIF. L’accord sur les salaires minima datait ainsi de 2003. Le 21 novembre, une réunion tripartite a eu lieu sur le sujet. Elle a également été l’occasion d’aborder le sujet de la mise à plat des conventions collectives. Les Armateurs de France comme les syndicats de marins et officiers de la marine marchande sont d’accord pour dire que face à l’empilement des textes, il y a des "peignages à effectuer". Des discussions sont donc en cours entre Armateurs de France et les partenaires sociaux.
Les investissements gelés par le RIF
En ce qui concerne le RIF (Registre international français créé en 2005), un bilan sera présenté au Conseil supérieur de la marine marchande puis devant l’Assemblée nationale, conformément à la loi. "Le bilan sera moins brillant que prévu", admet Eudes Riblier, puisque durant les deux années où la Commission européenne a enquêté sur le dispositif du GIE fiscal, les armateurs français ont gelé leurs investissements.
"Sans avoir le même élan qu’avec le GIE fiscal", souligne-t-il, "les armateurs vont pouvoir montrer que l’assemblage RIF et systèmes de financement va permettre de revoir un certain développement de la flotte française et donc de l’emploi."
Face au classement du RIF comme pavillon de complaisance obtenu auprès de l’ITF (International Transport Federation) l’intersyndicale des marins et officiers de la marine marchande, le président des Armateurs de France insiste sur le lien substantiel entre l’armateur et l’État du pavillon. "Le RIF n’est pas une boîte aux lettres mais un pavillon avec un État du pavillon qui contrôle les navires, leur fonctionnement et les équipages."