Le dernier-né de la Brittany Ferries cumule les superlatifs

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"Nous avons voulu appartenir à une génération qui ne passerait pas sa vie à parler de projets, mais qui passerait aux actes", déclarait Alexis Gouvernec, créateur de la BAI. Le 26 novembre, à Cherbourg, l’armement de Roscoff a procédé à la présentation du dernier-né de sa flotte, le Cotentin. Les regards se tournent vers ce géant, le plus grand navire dédié au fret en Manche. Les pensées se tournent vers Alexis Gourvenec. La mémoire d’Alexis Gourvenec reste vive parmi les invités et au premier rang desquels, la marraine du navire qui n’est autre que sa petite fille, Marine.

CONFORTER LE FRET

Amarré le long du quai de France, le Cotentin domine l’ancienne gare transatlantique. "C’est un moment important pour notre compagnie", commence Jean-Marc Rouet, président du conseil de surveillance de la BAI. Et Jean-Michel Giguet, le président du directoire, rappelle, lui, que ce navire doit permettre de conforter la position de la BAI dans le fret en Manche centrale et occidentale. Il charge toute la semaine des camions entre Cherbourg et le port anglais de Poole. Le week-end, il prend ses quartiers dans le golfe de Gascogne avec une rotation entre Poole et Santander. "Cette rotation entre l’Espagne et la Grande-Bretagne permet d’éviter aux camions la traversée de la France", continue le président du directoire. Fabrice Vennarucci, directeur du fret de l’armement confirme.

"En proposant un départ du dimanche matin du nord de l’Espagne, (il) permettra à la clientèle britannique d’être livrée avec une journée d’avance sur le transport terrestre. Avec cette unité, notre objectif sur la ligne d’Espagne est de passer de 4 541 véhicules industriels en 2006 à 12 200 en 2009." La barre est placée haut. L’armement se place résolument dans une démarche de progression de la part du fret. Avec 5,8 % de parts de marché du fret en Manche, Brittany Ferries demeure avant tout un transporteur de passagers et de véhicules particuliers. Le fret représente 22 % du chiffre d’affaires. Sur les trois dernières années, remarque Fabrice Vennarucci, la croissance du fret s’établit à 23,5 %. "En investissant 80 M€ dans la construction d’un navire comme le Cotentin, nous préparons l’avenir."

Ce futur doit se concrétiser avec l’arrivée prochainement d’un navire, "presque sister-ship du Cotentin", selon Jean-Michel Giguet, l’Armorique. Il sera bâti sur le même modèle au niveau de la coque et des garages. Les superstructures changeront. Le prochain navire accueillera des passagers et du fret.

Lors du baptême d’un navire et avec la présence d’un ministre, les discours prennent aussitôt un caractère revendicatif. Jean-Marc Rouet n’a pas échappé à la règle. "Le Cotentin est le 9e navire commandé par la compagnie. Ils sont tous de plus en plus performants, mais aussi avec des charges d’exploitation en constante augmentation. Nous menons des actions en interne, mais nous demandons à être accompagnés", a souligné le président du conseil de surveillance. Plusieurs points ont été montrés du doigt.

QUID DES AUTOROUTES DE LA MER

En premier lieu, Jean-Marc Roué a demandé à Dominique Bussereau, présent en sa qualité de secrétaire d’État aux transports, l’exonération des charges sociales des marins. "Il en va de l’avenir de la filière maritime française", a insisté le patron de la BAI qui souhaite pouvoir être sur un pied de concurrence égale avec les autres pays européens. Puis les revendications ont porté sur le traitement des clandestins. "Nous avons un gros problème à Cherbourg. Les armateurs ne peuvent assumer ces responsabilités et nous ne pouvons allonger les temps d’escale", a continué Jean-Marc Roué qui demande une application systématique des accords du Touquet de février 2003. Les doléances ont ensuite porté sur les autoroutes de la mer. Jean-Marc Roué souhaite que les réponses formulées par les opérateurs dans le cadre de l’appel à projets des autoroutes de la mer en Atlantique "ne déstabilisent pas les services existants ni ne créent des distorsions de concurrence". Le critère écologique retenu par l’État prévoit que les navires ne doivent pas consommer plus d’énergie fossile que le font le nombre de camions embarqués. "Pour entrer dans ce cadre, il faut des navires plus grands et plus puissants que les infrastructures portuaires ne peuvent accueillir", a précisé Jean-Marc Roué.

Si Dominique Bussereau est venu avec son lot de cadeaux, il n’a toutefois pas répondu à toutes les demandes. Le présent du ministre, face au nouveau navire de la Brittany Ferries, a concerné les conditions d’emploi des marins. "Je vous annonce que nous avons obtenu le déblocage des aides à la flotte de commerce. Les charges sociales seront intégralement remboursées aux armateurs", a déclaré le secrétaire d’État qui a ajouté qu’avec la taxe au tonnage, et les allégements fiscaux, les conditions sont réunies pour la compétitivité. Sur les autoroutes de la mer, il a été plus laconique, refusant toujours de dévoiler les projets des opérateurs, il refuse que ces projets deviennent des aubaines pour des armateurs et créent des difficultés pour les autres. S’agissant des clandestins, Dominique Bussereau souhaite trouver des réponses pérennes dans le cadre des accords du Touquet. Enfin, sur la filière, il a annoncé la tenue prochainement d’une table ronde sur la réforme de l’enseignement maritime.

Le soir, le Cotentin a chargé ses premiers 120 camions en direction de Poole. La fête est finie, les rotations commencent.

Le Cotentin en chiffres

Le Cotentin mesure 165 m pour 26,5 m de large. Ses moteurs développent 32 500 CV et lui permettent une vitesse de 24,5 nœuds. Il peut embarquer 120 unités fret et offre 120 cabines pour les chauffeurs. Il a représenté un investissement de 85 M€.

Une SAS pour bénéficier des allégements fiscaux

La structure juridique pour la propriété et le financement des navires change. Déjà adopté en Normandie, ce système est en cours de discussion en Bretagne. Une SAS (société par actions simplifiées) a ainsi vu. Dénommée Somanor, elle est détenue à 75 % par deux sociétés d’économie mixte (la Senamanche et la Senacal) et à 25 % par la BAI. Cette SAS est propriétaire des Cotentin, Normandie-Express et Mont-Saint-Michel. “Après la fin du précédent GIE Fiscal, nous avions besoin de refaire le cadre juridique de propriété de nos navires pour pouvoir bénéficier des nouveaux dispositifs fiscaux français. Le Cotentin est le premier navire à bénéficier de ces dispositifs et nous donne de meilleures dispositions pour le renouvellement de la flotte”, a déclaré Martine Jourdren, directrice générale de Brittany Ferries, en charge des questions financières.

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