Avec ses 39,2 %, STX Shipbuilding, filiale de STX, prend ainsi une minorité de contrôle tout en restant en dessous du seuil des 40 % qui l’obligerait à déposer une OPA. "C’est presque plus inquiétant. Car avec une OPA, les pouvoirs publics et les financiers auraient réagi. Les intentions ne doivent pas être très pures", analyse un représentant de la CFE-CGC du chantier Aker Yards à Saint-Nazaire.
Pour la CGT, la démarche est claire: "STX Shipbuilding achète ce qu’il ne sait pas faire ou qui aurait été particulièrement compliqué et coûteux à développer. La CFE-CGC, plus prudente, se pose quand même la question de savoir "si c’est pour prendre pied à bon compte sur des marchés que les Coréens convoitent depuis longtemps (croisière, off shore), ou tout simplement pour acquérir un savoir-faire industriel qu’ils ne maîtrisent pas encore, et le redévelopper à leur compte, comme pour les méthaniers". La CFDT a la même approche, et "s’interroge sur ce libéralisme mondial et sa finalité". "Quelle politique industrielle européenne serons-nous encore capables de construire? Quelle indépendance stratégique lors de la réalisation de contrats de navires militaires, type porte-avions?", se demande-t-elle.
D’une manière générale, les syndicats se posent des questions sur ces rachats successifs, cautionnant "une logique purement financière de notre activité", souligne la CGT. Et réunie en intersyndicale, la CFDT, la CGT, la CGC, la CFTC et FO organisaient le 6 novembre un rassemblement sur les sites de Saint-Nazaire et Lorient. À son issue, les cinq organisations syndicales ont fait parvenir une motion au sous-préfet de Saint-Nazaire, exigeant "de la part du président de la République et de son gouvernement qu’ils décident au plus vite: l’entrée majoritaire de l’État français (directement ou indirectement) dans le capital d’Aker Yards France; de proposer à leurs homologues des États concernés de prendre la même décision pour les filiales présentes dans leurs pays". Tous se déclarent "prêts à se mobiliser massivement à nouveau pour obtenir satisfaction sur ces mesures d’urgence et de protection pour notre industrie et notre emploi".