Compte tenu de la confusion qui règne, au moins en France, au sujet des autoroutes de la mer (AdM), il semble utile d’en rappeler la définition. Ainsi, le rapport de la Commission portant sur les progrès de ce concept encore largement virtuel, précise qu’une AdM est “une catégorie particulière de transport maritime de courte distance qui remplit les conditions suivantes: être un service maritime existant ou futur ayant intégré des prestations de transport terrestre de porte-à-porte et concentrant des trafics de marchandises grâce à des dessertes durables, régulières, de grande qualité et fiables. Le développement d’un réseau d’AdM doit absorber une part significative de la croissance attendue du transport routier, améliorant ainsi l’accès aux régions périphériques et aux îles et réduisant la congestion des voies routières”.Tout fait ventre: le roulier, en décroché avec organisation des pré- et post-acheminements; ou le conteneur, en porte-à-porte.
Jamais, dans cette définition, il n’est explicitement question de protection de l’environnement. La Commission donne pourtant un exemple: un “modeste” démarrage d’une AdM entre la péninsule Ibérique et les états de la mer du Nord avec quatre navires offrant six rotations par semaine, réalisant un transfert modal d’environ 5 milliards de t.km en trois ans, permettra une réduction de 125 000 t. de CO2 et de plus de 3 km de camions par jour, sur les autoroutes dans chaque direction.
Une AdM peut être subventionnée durant sa période de démarrage. Des conditions spécifiques pour l’octroi des aides publiques doivent alors être remplies.
Toujours dans le même document, la Commission dresse la liste des quatorze “paris” qui doivent être gagnés pour mettre réellement en œuvre des AdM: dans cet ordre; réduire la bureaucratie, promotion et marketing; accessibilité et efficacité des ports; etc. Bref, la croyance ne se discute pas. En octobre 1992 déjà, le rapport final du Forum des industries maritime concluait, entre autres, à la nécessité de favoriser le développement du cabotage maritime, pour lutter contre l’augmentation attendue de l’engorgement des infrastructures terrestres et profiter de son faible impact environnemental et sa capacité à développer les régions périphériques.
Parmi les actions correctives à mener, figurait déjà la nécessité d’améliorer les interfaces navire/port et port/moyens d’évacuation terrestre.
Co-initiateur de cette large concertation avec les milieux maritimes européens, le commissaire Bangemann chargé de l’Industrie concluait que ce rapport n’était pas destiné à finir dans un tiroir.