Nous sommes obligés d’innover en matière de gabarit des barges, car un nouveau trafic comme les pellets de bois (voir encadré), un produit à faible densité utilisé pour produire de l’énergie biomasse, demande de la capacité plutôt que du tonnage", explique Christophe Michel, directeur général de la branche fluviale chez Touax SCA. C’est pourquoi la société spécialisée dans le transport fluvial par barge, basée à Paris, fait actuellement construire en Chine 22 barges d’une capacité supérieure à celles circulant sur le Rhin et le Danube. À largeur égale (11,4 m), elles pourront accueillir une rangée de conteneurs supplémentaire. Leur réception est prévue pour avril et juillet 2008.
"Près de 90 % du trafic sur le Danube se fait avec des barges Europa IIb (76 m × 11,4 m) qui affichent un tirant d’eau maximum de 2,7 m. Or on peut naviguer en moyenne à 2,3 m de tirant d’eau, ce qui fait tomber la capacité des barges de 1 700 à 1 200 t. Nous avons donc choisi de réaliser des unités davantage adaptées à la navigation sur le Danube avec un tirant d’eau de 2,5 m. Cela diminue également les coûts de construction", poursuit Christophe Michel.
Pas plus larges, mais plus longues (88,5 m), les nouvelles barges emporteront 144 EVP en trois couches sur le Danube pour un maximum de 2 100 t et 2 400 m3 (3 500 t et 4 200 m3 sur le Rhin avec les mêmes dimensions, mais un tirant d’eau de 4,2 m). Une capacité adaptée aux trafics de pellets de bois particulièrement développés en Europe du Nord et pour lesquels "la demande est de plus en plus forte sur le Rhin et le Danube".
Ainsi, "les barges seront véritablement polyvalentes, car contrairement aux barges de vrac classiques, elles seront également rentables pour le transport de conteneurs", conclut Christophe Michel.
Développer le roulier
Touax a encore d’autres idées pour le Danube. La société réfléchit actuellement au lancement de barges catamaran de 94 × 22,8 m; soit deux fois la largeur des barges classiques. Il s’agirait d’ouvrir une liaison hebdomadaire entre la Roumanie et l’Autriche destinée au transport roulier de 45′. Il s’agirait de la première ligne ro-ro sur le fleuve qui soit ouverte au marché. Les plateformes embarqueraient 45 semi-remorques de 45′ et seraient muent par un pousseur de 2 500 CV. "Ce serait une première d’avoir des barges catamaran à ces dimensions sur le Danube. C’est un pari sur l’avenir, car, nous estimons que le transport roulier va se développer en Europe: les chauffeurs seront de moins en moins nombreux, donc de plus en plus chers, tandis que le prix du carburant va augmenter", souligne Christophe Michel.
Reste à trouver un partenaire pour le pré et le post-acheminement. "Des terrains et des rampes d’accès spécifiques seront nécessaires pour charger et décharger les remorques", remarque le directeur général de la branche fluviale de Touax.
Et pourquoi ne pas revoir le profil de la barge pour diminuer la consommation de carburant et rendre le fluvial encore plus attractif? Touax a justement lancé une étude pour réévaluer la forme avant et la forme arrière des convois – la société possède 250 barges, dont 170 naviguent en Europe. "Le fioul représente 35 à 45 % du coût d’affrètement d’un convoi poussé et l’on peut espérer un gain de 5 à 10 % en améliorant le profil des barges", précise Christophe Michel qui invite la profession à se regrouper pour pouvoir financer des tests en bassin de carène.
Les pellets de bois, une énérgie renouvelable
Petits bâtonnets cylindriques, les pellets de bois sont issus du compactage des sous-produits du bois comme la sciure qui est affinée, séchée puis fortement compressée sans colle ni additif. Leur usage n’est pas encore très répandu en France (seulement 4 usines en produisent) contrairement à la Suède ou l’Allemagne. Ils sont utilisés notamment par les centrales thermiques et les industries cimentières ou en chauffage individuel.