Le numérique entre en Seine

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À l’image du transport maritime, les ports, les chargeurs et les prestataires logistiques pourront bientôt visualiser les flux de navigation et connaître les marchandises transportées sur la Seine, l’Oise et l’Escaut, en temps réel. En effet, Voies navigables de France en partenariat avec la Belgique prépare pour début 2009 le déploiement d’un Système d’information fluvial baptisé SIF Seine-Escaut, sur les voies d’eau de cet axe.

L’enjeu est double. "Sur le plan économique, le système va permettre d’améliorer la « comodalité », c’est-à-dire la gestion du trafic en lien avec les autres modes de transports. En terme de sécurité, il répondra aux exigences de la réglementation ISPS pour la sûreté maritime et permettra d’éviter que des bateaux fluviaux côtoient des pétroliers dans les ports", explique Rodolphe Bollengier, responsable des innovations technologiques à la division Europe de VNF.

D’un coût de 1,7 M€ et financé à 50 % par l’Union européenne ce projet découle directement de la directive européenne River Information Services (RIS) adoptée en 2005 qui vise à construire une Europe fluviale. Ainsi, d’ici à mi-2009, les États membres vont devoir mettre à disposition des acteurs du transport fluvial un socle commun de services sur les voies navigables à grand gabarit (de classe IV et supérieures) qui relient deux États. En France, la directive concerne 500 km de voie navigable: la liaison Dunkerque-Escaut, le Rhin, la Moselle, la Deûle (Nord-Pas-De-Calais).

Appel à la géolocalisation

La Seine ne devait logiquement entrer dans le dispositif qu’une fois la liaison Seine-Nord Europe achevée, soit à l’horizon 2013. Mais VNF a choisi d’anticiper, notamment en raison des forts trafics entre Gennevilliers et Le Havre. Les standards techniques sont en cours d’élaboration par la Commission européenne et les expérimentations proprement dites devraient démarrer mi-2008, avec l’installation de relais terrestres le long de la Seine, l’Oise et l’Escaut et une trentaine de bateaux pour tester le système d’information fluvial.

"Parmi les quatre systèmes retenus par la Commission, les deux plus importants sont ceux qui permettront de voir le plan de chargement et de mettre en place un reporting électronique", explique Rodolphe Bollengier.

Emprunté au maritime, le système d’authentification automatique des bateaux AIS (Automatic Identification System), a été adapté au fluvial. Il permettra de géolocaliser les bateaux entre Rouen et Paris et assurera l’interopérabilité avec les systèmes portuaires de Rouen et du Havre. "La notion d’heure d’arrivée à l’écluse a également été prise en compte, avec la fréquence de rafraîchissement des infos, qui passe de 10 secondes dans le maritime à 2 secondes dans le fluvial. Cela permettra notamment d’améliorer la gestion du trafic aux écluses, en avertissant les bateaux d’éventuels temps d’attente. La consommation de carburant pourra ainsi être réduite de 2 %." Les bateaux transmettront leurs informations par transmission VHF aux relais terrestres AIS mis en place le long de la Seine entre Gennevilliers et Le Havre.

Le second système, le reporting électronique qui permet la dématérialisation des déclarations de chargement, a été adapté au fluvial selon les préconisations de l’OMI: "On y retrouve les messages comme Berman et Cuscarr", note Rodolphe Bollengier. Les deux grands opérateurs fluviaux CFT et Cemex Granulats, l’ont déjà adopté. "Il faut maintenant convaincre les mariniers indépendants de la valeur ajoutée du reporting électronique." Le nouveau plan d’aide à la modernisation de VNF devrait fournir le coup de pouce nécessaire.

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