Le composite pour relancer le petit gabarit?

Avec le renchérissement du cours des matières premières et notamment de l’acier, le projet des coopératives batelières néerlandaises ELV (Europese logistieke vervoerders) et PTC (Particuliere transport coöperatie) a de quoi séduire. Basées à Rotterdam, ces coopératives qui affrètent respectivement 500 000 t et 3 Mt par an entre les Pays-Bas, la Belgique et la France, programment pour 2008 la construction d’un prototype entièrement conçu en matériau composite. Baptisé CompocaNord, ce bateau de 65 m de long pour 5,75 m de large et un tirant d’eau maximum de 3 m a été adapté aux dimensions du canal du Nord(1). Il devrait pouvoir transporter jusqu’à 900 t de marchandises de tous types: aussi bien du vrac que des palettes, des colis lourds ou des liquides. Selon les promoteurs du projet, cette polyvalence associée à la possibilité de charger des liquides devrait permettre aux bateliers de rentabiliser encore davantage leurs voyages.

Lancé il y a quatre ans, soutenu par une dizaine d’entreprises du nord des Pays-Bas, ainsi que l’organisation néerlandaise pour la recherche appliquée TNO, le projet est conduit par Schipco BV, une société de conseil spécialisée dans la logistique basée à Maarssen près d’Utrecht. Pour les deux coopératives ELV et PTC, il s’agit de développer la navigation sur les voies d’eau à petit gabarit, ainsi que le report modal en rendant les bateaux plus attractifs.

Une consommation de carburant en baisse

"Nous avons fait un diagnostic des forces et faiblesses du matériau. Nous sommes actuellement en train d’évaluer ces paramètres de manière plus précise et, après une phase d’études économique et technique, nous lancerons la construction du CompocaNord à priori début 2008. La principale difficulté réside dans la résistance aux chocs des matériaux composites. Notre objectif est d’approcher les qualités de résistance et de flexibilité de l’acier sur un bateau d’une longueur de 65 m", explique Leen Schipper à la tête de Schipco BV.

L’épaisseur totale de la coque varie de 10 cm pour les flancs du bateau à 30 cm pour le fond. Un second modèle avoisinant les 75 m pourrait être construit dans la foulée.

Les promoteurs du projet mettent également l’accent sur la moindre consommation de carburant d’un bateau rendu plus léger, tout en évaluant le surcoût de construction d’une coque en matériaux composites à environ 30 %. Ils misent par ailleurs sur un logement particulièrement confortable – sur deux étages – pour susciter l’intérêt des jeunes mariniers. En effet, la chambre des machines est installée au milieu du bateau, ce qui libère de l’espace à l’arrière pour la timonerie et le logement. Des aménagements importants, car contrairement aux NéoKemp néerlandais et aux nouveaux Freycinet français, le CompocaNord est destiné à une utilisation artisanale.

Le développement et la construction d’un prototype – un projet qui a reçu le soutien du ministère des Transports néerlandais – est estimé à 2,1 M€. Quant au prix du bateau, il devrait approcher les 900 000 €. Une entreprise de batellerie se serait déjà engagée à acheter un modèle. Pour Leen Schipper qui voit le CompocaNord comme l’avenir du transport fluvial, les besoins sur le canal du Nord avoisineraient les 40 unités.