Les entreprises de manutention sont réunies dans une structure commune, le GMOD (Groupement de main d’œuvre docker) qui est l’employeur des dockers du port. Le GMOD regroupe les trois sociétés du groupe Bolloré sur le port (Delmas La Rochelle, Cogema et SGMT), Maritime Kuhn (Fast et Manuroc) et Delpech Maritime. Ilyasse Aksil, président du syndicat des entreprises de manutention, est aussi directeur des trois agences SDV du port: "Nous sommes le premier utilisateur de l’outillage public. Nous manutentionnons des grumes, des bois sciés, des placages, des contreplaqués, des pâtes à papier et des céréales à travers la SGMT (900 000 à 1 Mt). Nous travaillons aussi des colis lourds, des éoliennes, des divers."
Le groupe utilise entre 100 et 120 engins de manutention de 1 t à 48 t, des fosses mobiles pour le chargement des grains. Un nouvel atelier va être construit à l’intérieur du port autonome pour un investissement compris en 500 000 et 600 000 €. Il comprendra la rénovation d’installations existantes et la construction d’un nouveau bâtiment au quai Nord du bassin à flot.
Quant aux relations avec les dockers, Ilyasse Aksil estime que le dialogue et respect mutuel ont permis de maintenir la paix sociale sur les quais. "Après les années de crise avec les dockers (2003-2005), nous n’avons pas eu de mouvements de grèves en 2006 et 2007 en dehors du suivi des mots d’ordre nationaux. Nous avons mis en place des règles de concertation pour régler les problèmes en amont. La pyramide d’âge des dockers a été rajeunie. Un programme d’embauche régulier a été décidé et nous avons évacué les postures dogmatiques et considérons les dockers comme nos salariés."
"Le résultat de cette politique est une amélioration de la qualité du service rendu à nos clients et augmentation du nombre des dockers passés de 60 mensualisés à 78, auxquels il faut ajouter 12 polyvalents supplémentaires et 20 occasionnels. Le nombre d’heures travaillées est passé de 96 000 en 2005 à 130 000 en 2007. Le taux d’inemploi est tombé dans la même période de 17 % à entre 2 % et 5 %. Ce fonctionnement économique a permis d’assainir les comptes du groupement, indique Ilyasse Aksil. L’augmentation de l’activité sur le port y a fortement contribué également."
Et l’utilisation du quai de l’anse Saint-Marc?
Quant à la crainte exprimée par les dockers sur la future utilisation du quai de l’anse Saint-Marc, le président du GMOD et son collègue François-Georges Kuhn, directeur de Fast et Manuroc estiment que la question est prématurée: "Le dialogue sera ouvert avec eux", affirment-ils. Delpech Maritime, manutentionnaire historique du port, a été racheté en 1997 par la Sica Atlantique. "L’entreprise entend contribuer à l’avenir du groupe et notamment sur l’anse Saint-Marc, indique Loys de Tarragon, son responsable. Pour nous, les dockers sont des partenaires et leur vraie valeur ajoutée est sur la manutention des navires."
Au syndicat CGT des dockers, la nouvelle donne paraît plutôt satisfaisante. "Les entreprises de manutention ont mis fin à trois ans de conflit parce que nous avons établi un rapport de force, affirme Pascal Zini, secrétaire du syndicat. Maintenant, elles respectent la loi. L’organisation du travail est concertée et l’emploi des personnels existants est favorisé. Dans la mesure où le climat est plus détendu, nous apportons aussi plus de souplesse. Tout le monde y trouve son compte."
L’inquiétude des dockers vient du projet de réforme des ports autonomes dont ils ignorent le contenu. Ils ont rencontré Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports, lors de sa visite au port le 27 septembre. Celui-ci leur a affirmé qu’il y aurait concertation: "On n’est pas contre l’investissement privé tant que notre emploi est préservé, résume Pascal Zini. Nous sommes des travailleurs hautement qualifiés, il faut utiliser nos compétences."
La croissance actuelle des trafics crée une situation favorable au développement économique du port. Les projets d’investissement le montrent.