Michel Grenot, un président de port issu de l’agriculture

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JMM: Comment êtes-vous devenu président du port?

Michel Grenot (M.G.): "J’ai été sollicité par le préfet en 2005. J’étais à l’époque encore conseiller régional UMP proche de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique Bussereau, alors ministre de l’Agriculture, avec lesquels j’entretenais de bonnes relations. Ma nomination a été un peu une surprise pour le monde portuaire. Mais je connaissais déjà le monde de l’exportation puisque j’étais administrateur de la Sica Atlantique. Ma nomination m’a permis de découvrir deux autres types de trafics, ceux de pétrole et de bois. J’ai participé à la constitution du conseil d’administration du port en essayant de créer un équilibre politique. J’ai tenu à ce qu’il y ait un représentant de la chambre de commerce de La Rochelle qui venait d’être dépossédée de la gestion du port."

JMM: Comment s’est passé le transfert entre les deux entités?

M.G.: "Le début n’a pas été facile. Mais le président de la CCI a été ouvert et la passation de pouvoir s’est faite dans la concertation et le dialogue. Et j’ai favorisé un retour financier de l’État vis-à-vis de la CCI qui perdait une part importante de son chiffre d’affaires. Les utilisateurs du port dont certains étaient à la chambre de commerce sont bien représentés dans le conseil d’administration. Il en est de même pour le personnel à travers cinq personnes. L’État et les collectivités locales complètent les 26 membres du conseil. Il faut remarquer la forte présence de l’État puisqu’un port autonome est géré directement par lui. C’est d’ailleurs le conseil des ministres qui a nommé le directeur."

JMM: Quel est le rôle du président?

M.G.: "Mon travail est de participer à l’élaboration de l’ordre du jour des conseils d’administration avec le directeur général, Laurent Martens. Tout se passe très bien. Mon rôle est aussi de faire voter les décisions du conseil, ce qui arrive quatre à cinq fois par réunion. Je demande toujours si quelqu’un veut un vote à bulletin secret. Mais, jusqu’ici, tous les votes ont été pris à main levée et la plupart du temps à l’unanimité. Les syndicats votent aussi dans le même sens, ils jouent le jeu. Leur seul vote contraire a concerné l’agrandissement de l’anse Saint-Marc, car ils ont peur d’être écartés du quai. Mais les opérateurs devront respecter la loi et nous ne connaissons pas encore le contenu de la réforme des ports autonomes qui est annoncée."

JMM: Vous avez eu à organiser la fermeture du port, une décision qui a, parfois, été mal acceptée?

M.G.: "Nous n’avons fait qu’appliquer la loi et les utilisateurs ont compris la nécessité de cette mesure. Le système fonctionne bien et l’activité du port continue à progresser. Le plus important pour nous, c’est le financement des investissements et ceux-ci sont assurés pour les sept ans à venir. Nous avons obtenu le soutien de l’État, du conseil régional, du conseil général et de la communauté d’agglomération. Et 75 % de ce financement vient des collectivités. Les élus ont fait abstraction des oppositions politiques pour favoriser le développement du port. En tant que président, j’ai passé beaucoup de temps à rencontrer les gens. J’ai joué le rôle d’ambassadeur du port. Le Poitou-Charentes a une façade maritime, c’est une chance et les élus en sont conscients."

JMM: Les tarifs du port ont été revus à la hausse, pourquoi?

M.G.: "Certains tarifs étaient trop bas, l’outillage est déficitaire. Il fallait donc adapter les tarifs aux coûts d’utilisation. Nous avons également mis en place des AOT (Autorisation d’occupation temporaire) pour l’occupation des hangars et des terre-pleins. Ces mesures ont été acceptées et nous donnent une pérennité dans les recettes du port. Nous travaillons aujourd’hui au dialogue avec le personnel du port. Des inquiétudes naissent de la future réforme des ports autonomes. Dès que nous en saurons plus, nous consulterons les représentants du personnel. Il vaut mieux discuter que de se confronter. Nous avons reçu les dockers au conseil d’administration pour leur permettre de lire leur motion."

JMM: Qu’en est-il du rapprochement avec Nantes et Bordeaux?

M.G.: "L’avenir, c’est une collaboration entre les trois ports, mais à l’heure actuelle, il n’est pas question de fusion. À nous trois, nous avons l’équivalent d’un grand port. Cette collaboration devrait permettre d’éviter les doubles emplois. La concurrence restera, mais elle sera loyale. Il n’y aura pas de dumping sur les tarifs pour prendre des trafics aux autres. Les trois ports se complètent. Il y aura des propositions de faites d’ici la fin de l’année."

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