JMM: APM Terminals est un opérateur portuaire présent sur l’ensemble des continents avec plus de 45 terminaux dans 30 pays. Et vous venez de prendre une participation à Dunkerque. Pourquoi l’avez-vous choisi pour pénétrer le marché français?
Martin Poulsen (M.P.): "Notre investissement à Dunkerque constitue un aspect important de notre stratégie d’expansion et d’amélioration des services d’APM Terminals et de son réseau mondial de terminaux. Le port de Dunkerque offre d’excellents accès aux infrastructures de transport françaises et du Nord-Ouest de l’Europe. APM Terminals s’engage à investir dans l’avenir de la France et du marché européen. Nous investissons également dans un terminal au Havre.
Le terminal à conteneurs de Dunkerque est très bien situé pour desservir le marché intérieur français par des connexions routières, ferroviaires et fluviales. De plus, la proximité des lignes ferroviaires et routières britanniques de l’autre côté de la Manche est un autre facteur important. Notre site nous permet de nous développer. Et il se situe à côté de centres importants de distribution sur les marchés français et de l’Europe de l’Ouest. Les lignes conteneurisées apprécient la situation stratégique du port à proximité du principal chenal maritime d’un tirant d’eau de 17,5 m et donc capable d’accueillir les grands navires de la prochaine génération. Avec un terminal à Dunkerque, les importateurs et exportateurs disposent de davantage d’options de routage pour leurs chaînes mondiales d’approvisionnement. C’est pourquoi nous pensons que Dunkerque offre des possibilités de grande valeur à nos clients".
JMM: Dunkerque n’est que le 5e port français pour les conteneurs. Pensez-vous que passer par un port moyen soit la meilleure façon de s’adapter au marché?
M.P.: "APM Terminals recherche toujours les nouvelles opportunités d’améliorer son rayon d’action et ses services et développer son réseau mondial de terminaux, quelle que soit la taille du port ciblé à l’origine. L’emplacement de Dunkerque et ses connexions se combinent parfaitement avec nos installations dans l’Europe du Nord-Ouest: Aarhus, Bremerhaven, JadeWeserPort, Rotterdam, Zeebrugge et Le Havre".
JMM: Avant d’arriver sur le marché français, vous avez certainement examiné les conditions sociales auxquelles sont habitués les travailleurs portuaires français. Pensez-vous que ce soit un point fort pour le marché français?
M.P.: "Nous espérons travailler sur de bonnes bases avec les employés de NFTI à Dunkerque. Dans la compétition avec les autres ports de la région, le succès de Dunkerque exigera une coopération solide et unifiée entre la direction et les dockers. Nous avons totalement confiance en l’aptitude des travailleurs français à la compétition et au partage du succès de cette opération."
JMM: Le gouvernement français élabore une réforme portuaire. Avez-vous été contactés pour exprimer votre point de vue? À votre avis, qu’est-ce qui doit être réformé en France pour devenir plus performant par rapport aux autres terminaux que vous exploitez dans le monde?
M.P.: "Le gouvernement français ne nous pas formellement demandé notre avis, mais nous pensons que le secteur portuaire français a besoin d’un mouvement significatif pour rester compétitif. Aujourd’hui, entre 25 % et 40 % du fret conteneurisé français ne passe pas par les ports français. La situation n’est donc pas bonne pour les opérateurs de terminaux français, ni pour les dockers, ni pour les autorités portuaires, ni pour la France en général.
Des investissements supplémentaires dans les infrastructures sont naturellement indispensables. Mais les ports français doivent aussi améliorer leur compétitivité de façon significative en termes de coûts et de productivité. Dans ces deux domaines, les ports nord-européens ont l’avantage. Pour y remédier, il faudra une coopération de bonne foi entre les opérateurs de terminaux, les dockers et les autorités portuaires. Tous doivent agir positivement en vue d’atteindre ensemble un résultat qui bénéficiera à tout le monde, à savoir faire venir plus de marchandises dans les ports français et donc obtenir plus d’emploi et d’activité pour chacun. Une approche routinière de la situation n’y parviendra pas."