Marseille-Fos va-t-il atteindre cette année les hauteurs de 2006 qui le vit non seulement franchir la barre des 100 Mt, mais avoir une bonne orientation sur l’ensemble des secteurs? Aucun observateur n’aurait risqué une réponse positive en avril dernier. À la sortie d’une semaine de paralysie du port et de 18 jours de blocus des terminaux hydrocarbures, le port semblait KO debout. Cinq mois plus tard, les statistiques, sans être extraordinaires, se raffermissent. Si ce n’était le ramollissement de l’activité des vracs solides, les chiffres enregistrés sur huit mois se montreraient plutôt encourageants, notamment grâce à un excellent mois d’août, le meilleur mois depuis novembre 2006.
DIVERSES: LES CONTENEURS TIRENT
Fin août, en cumulé, les marchandises diverses poursuivent leur progression (+ 6,1 %). Ce sont les conteneurs qui tirent la tendance avec 8 % en tonnage (11,6 Mt) mais 4,2 % en EVP (659 000 EVP), chiffres qui permettent encore d’espérer que le seuil historique du million d’EVP sera enfin au rendez-vous. Le terminal de Fos assure toujours l’essentiel de cette progression (+ 22 % pour le mois d’août et 11 % en cumul depuis janvier). Toujours sur ces bassins Ouest, les escales connaissent un nombre croissant de mouvements en même temps qu’un phénomène de concentration touchant CMA CGM, MSC et la Grande Alliance (Hapag Lloyd, MISC, NYK, OOCL). Résultat, le manutentionnaire Eurofos arrive à cumuler en août près de 75 % du trafic face à son concurrent Seayard. Correctif à un trop grand optimisme, ce dynamisme touche également les autres ports du Sud de l’Europe qui accumulent les records mensuels. Au final, Marseille-Fos pourrait une fois de plus perdre de nouvelles parts de marché.
Le roulant continue d’être une valeur sûre (+ 6,8 %), aussi bien sur la Corse que sur le Maghreb, alors que le conventionnel stagne par rapport aux huit premiers mois de l’année précédente. Point noir, ce dernier secteur ne se redressera probablement pas dans les mois à venir avec les ouragans qui ont ravagé les Antilles (trafic de bananes récemment orienté sur Marseille).
Hydrocarbures et vracs liquides: plutôt fermes
Pour les hydrocarbures, le mois d’août a été plutôt bon. Réserves en prévision du mauvais temps, ou mouvement sur le spéculatif sur le prix du baril? Le retard pris par rapport à l’exercice précédent se comble lentement du fait des importations de brut des raffineries nationales (+ 8 %) alors que l’approvisionnement par le SPSE (Suisse et Allemagne) s’évapore (− 10 %). Les raffinées et le GPL traversent une dépression (− 15 %) alors que les importations de GNL continuent d’enfler (+ 7 %).
Le marché en pleine évolution des biocarburants profite au trafic des vracs liquides. Il représente 17 % de l’ensemble des vracs liquides, contre 14 % l’an dernier. Avec un taux de progression à fin août supérieur à 30 %, des trois produits composant les biocarburants, l’EMHV (39 % du secteur) a vu ses importations multipliées par 3,8. L’éthanol, importé lui aussi (36 % du secteur) a gagné 12 %, alors que les exportations d’ETBE (25 % du secteur) ont perdu 22 %. À noter que les entrées d’EMHV (incorporé au gazole) et d’éthanol (incorporé à l’essence – E85) proviennent essentiellement d’Espagne, d’Italie et de France. Les évolutions notables sont à mettre sur le compte du MTBE dont le transit a fortement progressé (+ 55 %) tandis que les exportations de soude caustique ont baissé de 11 %.
Vracs solides: la mauvaise surprise
Les vracs solides constituent la mauvaise surprise 2007 avec un effritement de 12,2 %. Les effets négatifs se sont conjugués. Outre l’activité en retrait de la sidérurgie (− 10 %), le terminal minéralier public reflue de 15 % par rapport à celle de l’année précédente, en raison d’un fort recul des importations de houille. Les exportations de céréales ont été cisaillées (− 25 %) et les sorties de sel effondrées en passant de 187 000 à 35 000 t (politique de délocalisation vers d’autres pays méditerranéens remettant en cause les Salins du Midi). Dans les bassins Est, les importations de sucre reculent en attendant les futures restructurations du secteur (raffinerie Saint Louis de Marseille). Seuls, les trafics liés aux importations de ciment et à l’alumine ont eu une tendance dynamique.
Passagers: vers un nouveau record
L’été ne figurera pas dans les annales. Pourtant, à fin août, l’activité reste soutenue sur la Corse (+ 2 %) et la Tunisie (+ 4 %). À l’inverse, l’orientation est négative sur l’Algérie (− 5 %). Résultat, les lignes régulières reculent de 0,2 % à fin août. En fait, une fausse perspective puisque le dernier week-end des vacances scolaires, tombant au tout début du mois de septembre, peut conduire à modifier le bilan estival. Le record de 2 millions de passagers atteint l’année dernière pourrait donc être amélioré puisqu’à fin août, le million et demi de passagers a déjà été enregistré.
Les croisières se montrent incontestablement plus dynamiques. Son bilan à fin août se montre assez flatteur avec 271 000 passagers (+ 17,6 %).